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Témoignage de Richard, diplômé de KEDGE expatrié à Hong Kong
Les étudiants du pro-act KEDGE Asian Success poursuivent leur tour d'Asie durant lequel ils rencontrent de nombreux alumni expatriés. Aujourd'hui ils ont interviewé Richard Laude, diplômé de KEDGE installé à Hong Kong.
Bonjour Richard, pour commencer pouvez-vous nous parler de votre parcours avant, pendant et après KEDGE ?
J’ai commencé après le bac par un Bachelor à Rouen Business School. On étudie principalement du management, de la finance, des maths ou encore du droit, c’est vraiment généraliste, et ce n’est qu’en troisième année que l’on se spécialise. J’ai donc opté pour le parcours management. Juste avant la spécialisation j’avais 6 mois d’Erasmus, je suis donc parti en échange en Pologne. C’est d’ailleurs ce qui a déclenché le fait que je veuille m’exporter par la suite. Au début je ne m’imaginais pas trop partir, puis en ayant voyagé 6 mois, le fait de vivre en colocation, de découvrir des cultures différentes je me suis dit qu’en fait à l’étranger il y avait plein d’opportunités.
Donc à la suite de mon Bachelor c’est clairement devenu un critère, je me suis dit que je voulais m’orienter vers un parcours international et financier, plus particulièrement de la finance de marché.
A la suite de cela, j’ai donc passé le concours pour entrer à KEDGE. J’étais sur le campus de Bordeaux, j’ai fait ma première année en initial où je n’ai fait vraiment que de la finance, le plus souvent de la finance de marché. A la suite de ma première année, j’ai choisi d’effectuer une année de césure pour faire un maximum de stages. J’ai donc fait 2 stages de 6 mois chacun.
Mon premier stage chez HSBC, où j’ai fait 6 mois sur du regulatory. C’est-à-dire qu’on essayait de baisser l’exposition de la banque, notamment en cherchant toutes les opérations effectuées puis en les compressant pour avoir un minimum d’assets sur le marché. Concrètement, ils nous donnaient des limites et des objectifs pour que l’on prenne de moins en moins de risques et notre rôle était de rentrer dans les clous à chaque fois. C’était donc les 6 premiers mois lors desquels j’ai commencé à toucher professionnellement à la finance de marché.
Par la suite, j’ai fait 6 mois à la Société Générale, J’ai trouvé ce stage grâce à des connaissances chez HSBC, d’où l’importance du réseau. C’était sur les comodities, cela concernait les matières premières et les risques de crédits principalement. Plus simplement on devait s’assurer que l’on était bien payé, suivre les créances, etc. Je faisais également de la régulation, on posait des questions aux clients : adresse, qui sont les dirigeants et après on envoyait tout cela au service légal et eux s’occupaient du travail d’investigation. Par exemple pour s’assurer que le client n’ait jamais financé de terrorisme, ou encore pollué des lieux dans le monde. Cela était plutôt étendu et m’a bien plu, mais après je ne me voyais pas non plus continuer là-dedans éternellement. Il y avait éventuellement un poste de sales qui était disponible mais personnellement je ne me voyais pas trop faire cela.
Après ces expériences, je me suis dit que je n’avais pas forcément envie de revenir à plein temps sur le campus ; j’ai donc opté pour l’alternance. J’ai eu quelques difficultés à trouver une entreprise, notamment à cause du rythme (1 mois de cours, 1 mois en entreprise) qui était bloquant souvent. HSCB m’a recontacté en me faisant part d’une opportunité, un poste d’alternant qui se libérait au même moment donc je suis revenu chez HSBC sur un poste un peu différent. Je faisais du contrôle de trade, de deal. Concrètement le front office, c’est-à-dire les trader sales, vont faire le business, après cela redescend dans les systèmes et nous devions réconcilier toutes les opérations, vérifier qu’il n’y avait pas d’erreur. Si le client avait acheté 1 million, s’assurer que l’on n’en ait pas acheté pour 1,5 ou 2 millions, que les taux soient bons, aux bonnes maturités etc. On faisait aussi beaucoup de reporting. Une fois de plus c’était du regulatory, c’est-à-dire s’assurer que nous respections toutes les règles sur les marchés. J’ai fait ça pendant 1 an en continuant les cours à Bordeaux en parallèle.
Dans la foulée, on m’a parlé d’une opportunité de VIE, soit à New-York soit à Hong Kong. J’ai directement dit que cela m’intéressait, avec une préférence pour Hong Kong. J’ai terminé mon contrat et quelques jours après je partais pour Hong Kong, cela s’est donc fait rapidement. Etant donné que mon patron avait parlé avec celui de Hong Kong, j’ai juste eu un court entretien de 30 minutes, plus pour discuter qu’autre chose. Tout le reste s’est fait plutôt naturellement, je suis arrivé à Hong Kong en octobre 2016, cela fait donc 1 an et demi.
Pouvez-vous nous parler de votre décision de vous expatrier à Hong Kong ?
La notion d’aller à l’étranger, comme je l’ai dit précédemment, m’est vraiment apparue en fin de bachelor. J’avais vraiment envie de partir, de faire quelque chose ailleurs qu’en France. A la fin de mon alternance, j’avais fait quasiment 2 ans non-stop à Paris, je me suis dit que je n’avais pas envie de continuer à vivre comme cela pendant 10 ans donc il fallait partir tout de suite sinon je n’allais jamais partir.
J’ai eu la chance d’être dans une grande entreprise qui pouvait facilement m’envoyer à l’étranger parce qu’en candidat libre je ne sais pas si j’aurais eu autant de chance de trouver un contrat VIE. Je sais qu’il y a beaucoup de demande de VIE, très peu d’offres donc si tu n’as pas d’opportunité en interne c’est tout de suite plus compliqué. Après je ne dis pas que c’est impossible, j’en connais qui l’ont fait, mais il faut déjà avoir pas mal d’expérience. Je me dis que s’il y a la volonté il ne faut pas trop se poser de questions, au pire si au bout de 6 mois on se dit « qu’est-ce que je fais là ? Rien ne me plait, je n’aime pas la ville », on peut repartir facilement. Je n’avais donc pas peur de l’échec, si ça ne m’avait pas plu je savais que je pouvais décider d’arrêter le VIE au bout d’1 an. Quand on part pour un VIE, on a un certain nombre de sécurités, déjà on a beaucoup d’acquis français, on est payé en euros donc pas besoin d’ouvrir de compte à l’étranger, etc. C’est un peu comme une espèce de long stage où l’on est bien payé, donc de mon point de vue si on a l’opportunité il n’y a aucune raison de ne pas le faire.
1 minute / 1 kedger : Richard, diplômé expatrié à Hong KongPubliée par Kedge Business School Alumni sur lundi 16 avril 2018
Est-ce que vous pouvez nous parler en détail de votre poste actuel chez HSBC ?
Initialement, je suis parti pour faire ce que je faisais à Paris et l’exporter à Hong Kong puisque c’était quelque chose qui ne se faisait pas vraiment ici, mais très présent à Paris et Londres. Au niveau des régulateurs, Hong Kong est un peu en retard. C’est-à-dire que tout ce que l’on nous impose en Europe on ne l’impose pas encore ici, mais ça va venir. Donc HSBC a voulu prendre un peu d’avance et exporter les choses que l’on connait à Paris, à Hong Kong. Le but principal pour moi était d’apporter entre guillemet ce savoir-faire qu’eux n’avait pas encore, de former des gens etc. J’ai donc fait cela les 3 ou 4 premiers mois.
En partant, j’avais demandé à faire d’autres choses parce que je savais que dans l’équipe il y avait des traders assistants qui travaillaient vraiment avec les traders, avec les sales et qui étaient ce que l’on appelle du support trading, et cela m’intéressait beaucoup plus. Donc mon VIE s’est divisé comme cela : les 3-4 premiers mois où j’ai formé les gens, j’ai mis en place le process tout en le développant un petit peu, et derrière je suis passé trader assistant. Cela fait donc plus d’un an que je le fais et l’équipe n’arrête pas de grandir, on a de nouvelles tâches qui arrivent sans cesse sur des choses complétement différentes. Ce qui fait que je continue à me former sur des sujets nouveaux assez fréquemment, c’est assez avantageux. De plus, je suis dans une équipe qui se développe, avec beaucoup de français donc le point positif pour nous est que nous ne sommes pas dépaysés. C’est sûrement pour cela que je me suis adapté aussi facilement.
Photo prise lors d'un afterwork KEDGE Alumni à Hong Kong
Quelle différence voyez-vous en termes de culture dans le monde du travail entre Hong Kong et la France ?
Il y a trois grands axes de différences. Le premier est qu’ici les choses sont très segmentées. On ne va pas trop sortir des clous, le travail est très procédurier, on doit faire telle ou telle tâche d’une certaine manière et pas autrement, on ne réfléchit pas trop par soi-même, on fait un peu tout comme des machines. Au début cela peut être un peu frustrant car à Paris ce n’était pas du tout comme cela, c’était plutôt tout l’inverse. Tu fais comme tu penses que c’est le mieux et seul le résultat compte plutôt que la manière dont tu l’as fait. Ici c’est vraiment l’inverse on met en place des procédures très claires, tu as 10 pages de procédures, tu dois les suivre à la lettre.
Le deuxième point c’est la façon d’interagir avec les gens, c’est peut-être un peu moins direct, beaucoup moins agressif. Il faut vraiment tourner ses mails de façon soft. Même si quelque chose t’énerve vraiment, il faut y aller doucement sinon ça va vite revenir à tes managers.
Enfin la troisième chose, qui est le gros point positif, est que hiérarchiquement tu peux très facilement parler à tes managers, il y a vraiment zéro barrière. A Hong Kong, chez HSBC, ton manager va être assis à côté de toi, ton N+1 et N+2 sont sur les mêmes « desks » que toi. Tu vois et parle régulièrement à ton N+3 et si tu as un problème tu peux faire un meeting avec lui, même s’il est ultra busy il trouvera du temps pour toi, il prend quelques minutes et vous discutez. Encore plus haut dans le top management, tu les vois régulièrement aussi. Trois à quatre fois par an, tu as des meetings où tout le monde est présent, tu lèves la main et tu poses ta question, ce sont des gens très haut placés sur Hong Kong voire à l’international. En plus d’un an à Paris, je n’ai jamais vu ça. Je n’ai jamais vu ni parlé à mon N+3, si tu lui parles cela va paraître bizarre, on va se demander pourquoi tu lui as parlé à lui et non ton N+1, etc. Alors qu’ici ce n’est pas comme ça, c’est même bien vu que tu ailles voir ton N+3, ils vont t’écouter et non te repousser.
Quand tu as travaillé en France et que tu viens ici, ce sont les trois points qui vont te sauter aux yeux assez rapidement.
Quelles sont vos ambitions pour le futur, où vous voyez-vous dans 5 ans ?
Dans les années à venir, je dirais 2-3 ans je serai encore ici. Au-delà je ne sais pas trop. Je ne pense pas revenir sur Paris, même cela est la solution de facilité, avec HSBC je pourrais quasiment toujours rentrer sur Paris assez facilement.
J’étais parti en VIE pour deux ans (un an renouvelable un an). J’étais censé finir fin septembre, mais l’équipe grandit ; après un an mon manager voulait me garder en arrêtant mon VIE. J’arrête mon VIE dans les semaines à venir, et d’ici deux semaines je vais passer en contrat local, donc je compte rester encore deux ans sinon cela ne vaut pas le coup.
Par la suite, si j’ai envie de changement, j’essaierai peut-être de me rapprocher de l’Europe : Suisse ou Londres pourquoi pas. Mais tout est une question d’opportunités, s’il y a des choses intéressantes ailleurs. Je pense également à Singapour pour rester en Asie. Je ne ferme pas la porte. Cependant, revenir à Paris d’ici cinq ans cela serait un peu comme un petit échec personnel. J’espère vraiment prendre encore plus d’expérience internationale, cela aura une valeur sur ton CV et au-delà de ça c’est plus enrichissant, tu sors de ta zone de confort. Jusqu’à trente ans c’est bien de se mettre dans ce genre de situation, tu es obligé de te débrouiller un peu partout. Donc je dirai sûrement encore à l’étranger dans 5 ans.
En quoi KEDGE vous a aidé à réaliser vos projets ?
L’alternance a été le gros point qui a fait que j’ai pu m’exporter derrière. La possibilité de faire de l’alternance est très avantageuse, pouvoir partir un ou deux ans en entreprise. Et l’année de césure c’est super, ce que vous faites par exemple (Pro-Act Nomad Kedge Asian Success) vous offre beaucoup d’opportunités, rencontrer pleins de gens que vous pourrez recontacter plus tard.
Il faut profiter de ces deux choses-là et prendre le maximum de temps pour savoir ce que l’on veut faire. Même si on ne sait pas complètement, on peut se tromper, à 23 – 24 ans ce n’est pas grave. Si tu fais un an sur une expérience qui ne te plaît pas tu peux rebondir ailleurs.
Un autre avantage à KEDGE était le choix des cours à la carte. Si après 6 mois tu as fait de la finance et tu veux faire du marketing, tu peux te réorienter facilement. C’était le gros point fort. La valeur ajoutée du programme est le fait que ce soit vachement modulable, tu peux te réorienter facilement d’un cycle à l’autre.
Les étudiants du pro-act KAS accompagné de Charlotte, une étudiante de KEDGE en échange dans notre université partenaire de Guangzhou
Avant de partir à l’étranger, quelles étaient vos appréhensions ?
Je n’étais jamais parti à Hong Kong, donc s’exporter pour deux ans alors que je n’étais jamais parti je me disais que c’était peut-être pas une super idée (rires). J’avais une collègue sur Hong Kong que j’avais rencontré à Paris et que je connaissais un petit peu, qui est toujours ici. Avant de prendre la décision, je l’avais appelé et on avait discuté une heure. Elle m’avait expliqué comment ça se passait, elle ne regrettait pas du tout, au niveau du poste, etc. Cela m’a permis de confirmer que c’était possible, qu’il y avait d’autres opportunités sur place. J’ai aussi posé des questions bateau sur la vie : est-ce que ce n’est pas trop dur niveau nourriture, qu’est-ce qui te manque le plus, le logement (car c’est le point compliqué de Hong Kong), etc.
Après, je suis quelqu’un qui ne se pose pas trop de questions, si tu réfléchis sur un tas de choses, tu ne vas jamais partir. Je me suis dit : prend ton sac et tu verras sur place, et c’est ce que j’ai fait. J’ai pris un Airbnb les premiers jours, j’ai cherché une coloc et c’était lancé.
Je n’avais pas de peur particulière. Je me posais la question, car Hong Kong c’est surpeuplé, pire que Paris. Mais tu as les avantages et les inconvénients. Et ici, les avantages comblent largement les inconvénients. Même si ce n’est pas super agréable d’avoir du monde partout, c’est pénible, il fait très chaud, cependant c’est compensé par pleins d’autres choses et tu ne penses plus vraiment à ça. Quand tu arrives ici tu t’adaptes facilement en quelques jours.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant qui envisagerait de tenter l’aventure hongkongaise ?
Si possible, je vous conseille de partir en VIE, c’est beaucoup plus safe. Si vous n’êtes jamais parti et pas trop sûr de vous, c’est votre sous pape de sécurité. Partir en tant que français, tu es payé en euros, tu gardes la sécurité sociale, etc. Il est aussi très facile de rompre le contrat si jamais on ne se plaît pas dans l’expatriation, dans l’entreprise. C’est le type de contrat qui est bien pour s’exporter une première fois.
Ensuite, ne pas se poser trop de questions. Si on est célibataire, que tu es un peu « détaché » de ta famille, il ne faut pas trop se poser de questions et y aller. Et après, se renseigner sur place. Trouver des gens qui y vivent déjà, des anciens de KEDGE par exemple, sur Facebook il y a des groupes de français qui répondent facilement et franchement. C’est différent de tout ce que tu vas lire, l’article sur Le Point qui dit comment s’expatrier à Hong Kong, c’est un peu bateau. Le mieux est de demander à des gens sur le terrain, et le top du top c’est d’aller sur place. C’est vachement différent de l’Europe.
Qu’est-ce que vous avez trouvé à Hong Kong que vous n’auriez jamais trouvé en France ?
Des billets d’avion pas cher (rires). Plus sérieusement, c’est vraiment le pays de toutes les nourritures du monde. Tu peux manger de toutes les parties du monde à Hong Kong : français, japonais, chinois, toutes les cuisines sont ici. C’est le hub asiatique où tu retrouves tout et tu n’es pas si dépaysé que ça. C’est super multiculturel, ce que tu ne trouves pas forcément en France.
Interview réalisée à Hong Kong par l’équipe Kedge Asian Success, composée de Romane Clerc, Cyril Colliot et Maud Ribaucourt.
PLUS D'INFORMATIONS SUR KAS ET LEURS PROCHAINES DESTINATIONS
Romane, Maud et Cyril, initiateurs du projet KAS.
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