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Découvrez l'interview de Romain, expatrié depuis 8 ans à Singapour !
Les étudiants du pro-act "Kedge Alumni Travel" d'Asie sont actuellement à Singapour, où ils viennent à la rencontre de nos diplômés expatriés.
- PROMOTION : 2010
- POSTE : Associate Director - Commodity Trade Finance
- ENTREPRISE : HypoVereinsbank - UniCredit Bank AG
- DURÉE D'EXPATRIATION : 8 ans à Singapour
INTERVIEW :
Présentez-vous en quelques mots...
Je suis Romain d’Apolito et je suis à Singapour depuis presque 9 ans. Je suis arrivé ici dans le cadre d’un VIE avec la Société Générale.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours à Kedge et en quoi cela a-t-il orienté votre projet professionnel ?
J’ai d’abord été à la fac et j'ai fait un an d’échange en université en Ecosse avant de faire une année en Master Spécialisé à Kedge, où à l’époque cela s’appelait Euromed. Je n’ai fait qu’un an en Master Transport Trade Logistique et Commerce International, ce qui est en total adéquation avec ce que je fais aujourd’hui puisque je fais du Trade Finance dans une banque où je finance le commerce international. C’est donc la suite logique de mes études dans la finance et en commerce international.
J’ai eu pleins de postes différents en banque pendant les 8 ans et demi passés. J’ai fait du front office quand je suis arrivé à Singapour en VIE, puis du Middle BackOffice, c’est à dire que j’étais plus du côté opérationnel gestion du risque quand j’étais chez RBS. Ensuite, je suis monté en grade chez RBS pour arriver en Head of Department où j’étais à la tête d’une équipe de 10 personnes. RBS a fermé suite à une décision politique en Angleterre donc nous avons été obligés de fermer les activités RBS à l’international (soit l’Asie, l’Afrique et l’Amérique). Après cela, je suis allé chez JP Morgan, toujours en Trade Finance sur le poste de management d’une équipe opérationnel et management du risque avec à peu près la même taille d’équipe. Puis, grâce au réseau que je me suis fait à Singapour après toutes ces années, j’ai réussi à trouver un travail chez UniCredit qui est une banque à la fois italienne et allemande (HypoVereinsbank c’est la banque allemande qui a été racheté par Unicredit il y a quelques années, et c’est donc pour cela que je travaille pour l’entité allemande qui est HypoVereinsbank Unicredit Bank AG). Aujourd’hui, je n’ai plus de missions de « management risque opérationnel » puisque je fais du Relationship Management. Mes clients sont des grosses entreprises qui font du trading de matières premières et du négoce (les plus grosses boites de trading mondial). Nous les « aidons » à financer leurs activités en commerce international achat/vente de matières premières : pétrole, gaz, métaux, agriculture (les grains...) et aussi l’acier.
Tout mon parcours professionnel est donc la suite logique de ce que j’ai fait en Master à Kedge : la formation que j’ai suivie pendant ce master en transport en maritime et en commerce international me sert tous les jours dans mon travail. Les missions que je fais aujourd’hui mêlent la logistique, le maritime, le commerce international et la finance. J’ai donc besoin d’avoir des compétences dans ces 4 domaines pour faire mon travail correctement.
Vous êtes expatrié depuis 8 ans à Singapour, était-ce par choix ou par opportunité ?
Je dirais les deux... lorsque je cherchais mon VIE, j’avais 2 options. Je pouvais faire un VIE chez CMA CGM, toujours lié au commerce/transport, mais au Cameroun donc ce n’était pas aussi attirant que Singapour. De plus, ce n’était pas dans la finance mais plutôt en business développement pour la filiale Delmas. J’ai aussi postulé à une offre de la Société Générale sur leur site web et j’ai réussi à décrocher les entretiens. Au même moment, je passais les entretiens avec la CMA CGM mais ceux avec la Société Générale s’étaient avérés être favorables : j’ai décidé de choisir Singapour plutôt que le Cameroun, et la finance plutôt que le transport. Pour conclure, c’est un peu une combinaison des deux : un choix et une opportunité.
A-t-il été difficile de trouver votre premier emploi ici ? Le fait d’avoir travaillé dans des banques françaises vous a-t-il aidé ?
Considérons que le VIE a été mon premier emploi avec la Société Générale, et comme tout jeune diplômé je pense qu’il n’est jamais simple de trouver du travail quand nous sortons d’école et que nous n’avons pas beaucoup d’expériences à vendre. Les deux choses que j’ai le plus retenues pendant mes recherches de travail ont été d’être assidu et de ne pas envoyer 5 CV un lundi et ne rien faire le reste de la semaine. Il faut le faire tous les jours, de manière régulière et il est très important de relancer ses contacts. Nous pouvons comparer cela à une vente : un bon vendeur vous dira toujours qu’une vente ne se conclue jamais le premier jour à moins d’être chanceux, mais il faut attaquer et continuer à faire du follow-up. Quand tu cherches du travail, tu te vends donc c’est la même logique à appliquer.
A Singapour, cela marche certes beaucoup par le réseau une fois que tu es ici, mais je pense être un bon contre-exemple puisque j'ai trouvé mon travail chez RBS après la Société Générale sans contacts. J’ai fait mes applications avec mon CV et ma lettre de motivation comme tout le monde sur le site de la boite, et pareil quand j’étais chez JP Morgan. Il n’y a que mon dernier travail que j’ai trouvé grâce à mon réseau puisque cela fait 6 ans que je le développais à Singapour. Il ne faut pas se dire que sans réseau nous ne pouvons pas y arriver, ce n’est pas vrai.
Pensez-vous qu’il est plus facile d’accéder à des postes hiérarchiques plus rapidement à l’étranger et notamment à Singapour ?
En effet, j’ai réussi à « monter en grade » dans les entreprises où j’étais ici. Il faut beaucoup travailler, plus que les autres, parce qu’il ne faut pas oublier que nous sommes « l’étranger » et qu’il faut prouver que nous avons plus de valeur qu’un local. Il y a aussi une question de capacité à gérer ses missions et faire plus que ce que l’on te demande. Est-ce qu’avoir l’esprit d’initiative c’est quelque chose que tu as en toi ou pas ; parce que c’est généralement ce que recherchent les entreprises. Quand tu es capable de trouver de nouvelles solutions à des problèmes, que personne n’avait réussi à résoudre jusqu’à présent, c’est comme cela que tu te démarques et que tu peux évoluer dans l’entreprise plus rapidement que les autres. Aujourd’hui, je pense avoir une position hiérarchique plus élevée que ce que j’aurais pu trouver en Europe. En comparaison, les postes que j’ai eu ici chez RBS et JP Morgan, les personnes qui ont le même travail sur le marché en Europe ont au moins 10 à 15 ans de plus que moi, que cela soit en expérience ou en âge. Je ne suis pas un génie, si j’y arrive et que d’autres y arrivent c’est faisable, mais il faut travailler.
Qu’est-ce qui vous incite à rester à Singapour ? Vous sentez-vous épanoui à Singapour ?
Je suis épanoui, c’est pour cela que je suis ici depuis longtemps. Ce qui m’incite à rester ce sont les opportunités de travail, les salaires et puis la fiscalité qui est avantageuse. Après, il faut aussi être réaliste sur une chose c’est qu’en France, nous payons certes beaucoup d’impôts mais nous avons une très bonne couverture maladie, la retraite et le chômage. Ici, aucun des trois existe : si demain tu n’as plus de travail, tu n’as pas de couverture maladie ni de chômage, et ta retraite c’est à toi de la faire tout seul. Autre chose, au niveau de l’éducation des enfants : en France c’est gratuit et ici c’est loin de l’être. Il faut donc contrebalancer mais au bout du compte je m’y retrouve et c’est pour cela que je reste ici.
Avez-vous des plans pour l’avenir ? Souhaitez-vous rester ici, partir ailleurs ou revenir en France ?
Je souhaite rester ici pour quelques années encore. Rentrer en France ? Ce n’est pas gagné mais peut-être en Europe, et en Suisse plus particulièrement. Ma décision sera liée au travail que je fais : le commerce international et le négoce de matières premières. En effet, il y a dans le monde 6 gros HUB liés mon domaine : Shanghai, Hong Kong, Singapour en Asie, Dubaï en middle list, Genève/Londres en Europe et Houston pour les USA. Si je devais revenir en Europe, cela serait certainement à Genève ou à Londres (mais vu ce qu’il se passe en ce moment à Londres, Genève semble être une opportunité plus abordable).
Je pense donc rentrer mais dans 5 ans environ, cela fera 15 ans que je serais ici et il serait peut-être temps de faire autre chose. En Asie, j’avais pour projet pendant un moment d’aller en Chine puisqu’il y a beaucoup de demandes mais la vie est assez différente. Tu as une bonne qualité de vie en Chine mais tu auras toujours un peu peur de ce que tu manges et de ce que tu respires car c’est un pays extrêmement pollué. Pour comparer, Singapour est très loin dans le futur, l’Europe est très bien mais la Chine est encore un peu lente.
Avez-vous des conseils à donner aux diplômés ou futurs diplômés qui souhaiteraient s’expatrier à Singapour ?
N’hésitez pas ! Singapour est un pays très facile d’accès quand on arrive d’Europe, ce n’est pas un « hardlanding » en Asie. Ici, ils parlent tous anglais et c’est très sécurisé : je n’ai jamais eu peur de rentrer chez moi à 4h du matin ou le problème de me demander si j’étais en sécurité ici. Même si tu es loin de chez toi, cela reste un pays à affluence occidentale très forte et il est donc facile de s’y adapter. Si vraiment tu as envie de venir et essayer, tente le coup ! Cela va te couter quelques emails, coups de téléphone et des heures de Skype mais je pense que quand on est jeune diplômé, nous pouvons nous permettre de le faire. L’Asie en général est de plus en plus ouverte aux profils étrangers.
Alors n’hésitez pas, essayez, il faut tenter le coup. La croissance est en Asie, on ne l’appelle pas le vieux continent pour rien !
Interview réalisée à Singapour par Clémence, Stivell, Estelle et Adel, étudiants du pro-act KEDGE Alumni Travel d'Asie.
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