2024, c’est vous : vos succès, vos engagements !
Rencontre avec Julien Faure, kedger et créateur du restaurant à succès le gros plein de soupe !
Diplômé de KEDGE en 2014 et après de nombreuses années à l'étranger, Julien Faure a cofondé avec deux amis à Paris un bar à soupe "bio et fait maison" fin 2017 et vient d’ouvrir ce mois-ci un deuxième établissement à Aix les Milles.
INTERVIEW 💬
1️⃣ Pour commencer, parlez-nous de votre parcours scolaire : quelles formations avez-vous suivies à KEDGE et avant d'arriver à KEDGE ?
Pur produit marseillais, mon Bac S en poche, j’ai intégré le programme Cesemed en 2010 en Track hispanique. Ce programme m’a séduit particulièrement pour son côté international, la possibilité de voyager et d’acquérir des expériences aussi bien professionnelles que personnelles complètement différentes.
Après trois semestres effectués à Luminy, je suis parti en stage 6 mois à Sydney en Australie au sein de la Chambre de Commerce Franco-Australienne. Cette expérience a été incroyable sur tous les plans, à tout juste 18 ans je me suis retrouvé seul à l’autre bout du monde, partant de chez moi pour la première fois, sans connaître personne, sans réelle expérience en entreprise, sans vraiment savoir parler anglais et j’ai adoré ça.
A la suite de cela, j’ai choisi de passer une année à Guadalajara au Mexique tout aussi incroyable sur le campus du TEC de Monterrey. Année géniale durant laquelle, j’ai eu notamment la chance de rencontrer deux de mes amis étudiants à l’EM Grenoble qui allaient devenir 7 ans plus tard mes associés.
Ensuite, j’ai passé mon dernier semestre d’études à l’université Carlos III de Madrid, complètement différent dans la manière de vivre et d’étudier, beaucoup moins exotique mais tout aussi intéressant. Enfin, j’ai effectué mon stage de fin d’études à Paris, avant d’être diplômé en 2014.
2️⃣ Racontez-nous votre parcours une fois vos études terminées : quels postes avez-vous occupés ? Qu'est-ce que ces postes vous ont appris ?
J’ai participé à une première création d’entreprise durant mon stage de fin d’études au sein d'une startup. L’idée (ramenée d’Australie) était de développer la 1ère ligne de TONGS ERGONOMIQUES créée par des podologues australiens et dans lequel j’ai fait mes armes pendant plus de 3 ans. Notre marque s’appelait Ozify.
Cette expérience m’a énormément appris, j’ai d’abord découvert tous les fondamentaux opérationnels d’une création d’entreprise (mise en place des process, recherche de financement, plan de développement, business plan, levée de fond importante, etc.). J’ai aussi pu découvrir le commerce à l’international avec des négociations et créations de contrats de distributions, des partenariats logistiques et la mise en place de lignes de production en Asie. J’ai notamment découvert les joies des nuits entières passées dans les usines chinoises suffocantes afin d’attendre que les marchandises soient enfin prêtes et dans l’état attendu. Nous avons également écumé les salons du monde entier pour exposer nos produits afin de trouver des distributeurs croyant en notre histoire.
Toutes ces aventures ont fait d’Ozify une expérience incroyable et m’ont permis d’apprendre énormément. Mais surtout, je pense avoir appris ce que c’était d’être entrepreneur et j’ai pu m’appuyer sur les bonnes choses et apprendre des erreurs commises au moment de monter ma future propre société.
Nous avons développé le concept pendant près de trois ans puis avons choisi finalement un distributeur avec une plus grosse structure avec qui nous avons signé une licence de marque qui était à ce stade plus à même de développer le concept. J’ai travaillé sur la transition puis pu partir tranquillement sur un nouveau chapitre de ma vie l’histoire « Gros Plein de Soupe ».
3️⃣ Quel(le) est votre projet/situation aujourd'hui ? Comment avez-vous eu l'idée et l'envie de faire ce que vous faites aujourd'hui ?
La genèse du projet Le Gros Plein de Soupe est née lors d’un weekend amical en début d’année 2017 chez les grands-parents de celui qui allait être l’un de mes associés. Lors de ce weekend de retour aux sources, à tous les repas nous été servis une soupe avec des légumes issus directement de leur immense potager et bio bien évidemment. Les soupes étaient toutes différentes et aussi bonnes les unes que les autres. A l'époque je travaillais dans le centre de Paris et je rencontrais de grandes difficultés à trouver des endroits bons, sains, nourrissants et rapides durant mes pauses déjeuner.
L’idée nous est venue d’allier des valeurs qui pouvaient plaire à une grande partie des jeunes actifs dont nous faisions partis, à savoir un concept de restauration rapide et saine dans un esprit de convivialité qui rappelle les repas chez nos grand-mères. Le client pourrait manger sur place ou à emporter mais toujours des produits variés, frais, de saison, n’utilisant que des fruits et légumes bio, du fait maison et avec une valeur écologique où tous les emballages seraient compostables car créés à base de plantes.
Entre l’idée et le véritable lancement du projet, il y a eu de nombreuses étapes. D’abord, je ne me voyais pas lancer ce projet seul, j’ai donc cherché qui dans mon entourage pourrait être intéressé par l’aventure et avait la personnalité qui pourrait compléter la mienne pour le développement d’une entreprise. J’ai donc proposé à ma meilleure amie, qui, bien qu’emballée d’emblée par le projet, travaillait pour une grosse entreprise dans des conditions salariales très intéressantes et avec une grande stabilité de l’emploi, et que j’ai donc dû la convaincre de tout abandonner pour se lancer avec moi. Nous avons par ailleurs convaincu un autre ami (le petit-fils de la dame qui nous avait fait redécouvrir les soupes le temps d’un week-end) de nous rejoindre dans l’aventure mais sans avoir à quitter son emploi. Nous nous sommes ensuite laissé plusieurs mois pour étudier la faisabilité du projet et avons enfin décidé de nous lancer.
Il a ensuite fallu convaincre une banque de nous suivre, trouver un local et, surtout, se lancer dans le métier de la cuisine nous qui étions auparavant, bien que grands fans de Top chef, plutôt de grands adeptes de pâtes au pesto directement dans la casserole. Tout ceci a abouti au lancement officiel du Gros Plein de Soupe en décembre 2017 au 12 rue de Clichy dans le 9ème arrondissement de Paris. Plus de deux ans après, le succès de ce premier point de vente nous a vite fait réfléchir à l’ouverture d’un deuxième restaurant à Paris. Mais finalement, le confinement est arrivé et deux mois de vie « forcée » dans le sud – nous sommes tous les trois Marseillais d’origine - ont eu raison de l’expansion parisienne et nous avons décidé de développer notre concept sur Aix-en-Provence avec une carte adaptée pour ce deuxième restaurant : 380 rue Jean de Guiramand, Aix Les milles, ouvert mi-Septembre 2020.
4️⃣ Quels sont vos objectifs de développement pour l'avenir ?
Bien évidemment nous souhaitons tout d’abord traverser au mieux cette période compliquée pour tous les restaurateurs, en lançant au mieux ce second restaurant avec notamment le développement de notre propre système de livraison que nous expérimentons actuellement sur le restaurant d’Aix Les Milles. Puis continuer à développer notre réseau de restaurants sûrement dans un premier temps dans le sud de la France et pourquoi pas ensuite dans d’autres régions par le biais d’un réseau de franchise.
Forts de cette expérience, nous ne nous fermons pas à l’idée de développer d’autres projets annexes. Lorsqu’on prend goût à la création de projet et qu’on est bien entouré pourquoi s’arrêter ?
5️⃣ Si vous deviez donner un conseil aux diplômés de KEDGE qui aimeraient faire comme vous, quel serait-il ?
Etre entrepreneur c’est jouir d’une liberté et d’une grande autonomie, on est les seuls maitres à bord, personne pour nous donner des ordres, socialement c’est très bien vu et si le projet marche on peut financièrement très bien s’y retrouver.
Tout ceci peut être vrai, néanmoins, l’un des points sur lequel nous n’insistons pas assez c’est que l’aventure entrepreneuriale nécessite d’être prêt mentalement et physiquement à beaucoup de sacrifices. Beaucoup de start-ups meurent très vite car les personnes à leur tête se rendent compte qu’ils ne sont finalement pas prêts à faire les sacrifices de temps, d’énergie et d’argent au profit de leur société.
Un entrepreneur ne compte pas ses heures, il doit être prêt à devoir sacrifier ses soirées, son sommeil, ses weekends, ses congés payés, ses avantages du CE, son salaire et tout son confort de vie financier si c’est nécessaire. L’entrepreneur doit pouvoir ingurgiter des moments de forte pression, à ne pas dormir certaines nuits et faire les cent pas. A mon goût nous n’en parlons souvent pas assez mais cela fait aussi partie de la vie de l’entrepreneur. Je peux vous l’assurer pour l’avoir vécu et le vivre encore parfois, l’insomnie de 3h du matin à noter des idées sur mon Iphone est fréquente. Mais même dans les moments difficiles, il ne faut rien lâcher, se battre, avec la volonté et la détermination la réussite viendra. C’est dans ces moments-là qu’on apprend le plus, sur les autres, sur le business mais surtout sur soi-même.
Croyez-moi si vous m’aviez dit quand j’étais étudiant que je me retrouverais cinq ans plus tard à devoir me lever à 5h du matin pour couper des légumes, faire des journées de fou pour un SMIC, n’avoir qu’une semaine de vacances la première année et que je prendrais du plaisir à le faire je ne vous aurais pas cru. Or, professionnellement je n’ai jamais vécu d’aventure aussi excitante, passionnante et enrichissante. N’hésitez pas à vous associer à des gens de confiance, fiables, qui partagent la même vision que vous sur le projet mais surtout sur la manière de travailler. Si vous arrivez à former une bonne association, les réussites ne seront que plus belles et les moments difficiles plus facile à encaisser. Peu importe votre projet, donnez tout pour qu’il prenne vie, croyez en lui et surtout croyez en vous !
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