Promotion 1984 : 40 ans après, des retrouvailles...
Rencontre avec Vincent, diplômé de KEDGE et responsable de l'antenne Alumni à Shanghai
Rencontre avec Vincent Le Magoariec, expatrié à Shanghai depuis 3 ans et responsable de l’antenne Alumni. Responsable Commercial Asie et Responsable de la filiale Chine de Euris Group, il nous explique son choix d'expatriation en Chine et son métier.
Bonjour Vincent. Pour commencer, parlez-nous de votre parcours scolaire : quelle formation avez-vous suivie avant et à KEDGE ?
J’ai commencé par un BTS Commerce International en Bretagne, j’ai poursuivi avec une licence professionnelle Commerce International à Paris où j’ai effectué mon stage de 4 mois en Chine, à Tianjin, une ville située à côté de Pékin. Ensuite, j’ai décidé de rester 6 mois à l’université de Nankai, à Tianjin, pour apprendre le chinois. Mon objectif était d’avoir des bases solides en mandarin, savoir parler, lire et écrire, en me disant que ça me servirait un jour.
Par la suite, je suis entré en admission parallèle au Programme Grande Ecole de KEDGE où j’ai réalisé mon Master 1 sur le campus de Marseille. Je suis ensuite parti en échange universitaire durant 6 mois à la “University of Southern Denmark” située à Odense. Enfin, j’ai effectué mon stage de fin d’études, en France, en tant qu’ingénieur commercial pour la société Euris, pour laquelle je travaille toujours. J’ai été embauché à la suite de ce stage en tant qu’ingénieur commercial avec une dominante sur les marchés internationaux. Au bout de deux ans et demi, mon entreprise m’a proposé de venir en Chine pour y développer nos activités.
En quoi consiste votre emploi actuel ? Que faites-vous concrètement dans votre métier de tous les jours ?
Aujourd’hui, je suis en charge du bureau de Shanghai. Je supervise nos activités et notre développement. Je suis également Responsable Commercial Asie.
Au jour le jour, concrètement il s’agit de gérer le bureau, soit l’administratif et le personnel, et gérer la partie commerciale, c’est-à-dire, rencontrer nos clients, prendre rendez-vous avec nos prospects, présenter nos produits, faire des propositions commerciales, signer des contrats.
Le groupe Euris a deux activités principales. La première est l’édition de logiciels pour les laboratoires pharmaceutiques. Nous proposons des solutions innovantes de CRM (Customer Relationship Management) et de CLM (Closed-Loop Marketing - marketing digital) utilisées par des visiteurs médicaux/pharmaceutiques et leurs managers, qui permettent notamment de gérer finement l’activité au quotidien et d’être plus impactant en rendez-vous. Nous proposons également des solutions de formation, de social listening ou encore de PRM (Patient Relationship Management). La deuxième partie de l’activité est l’hébergement de données de santé. En tant qu’opérateur de santé connectée, nous accompagnons les entreprises dans l’hébergement des données de santé dans le respect des réglementations. Nous avons pour cela mis en place une infrastructure technique répartie dans le monde. Nous facilitons également le déploiement des solutions de santé connectée grâce à une Marketplace de services.
Comment votre entreprise s’inscrit-elle dans une démarche RSE ?
En tant qu’entreprise technologique, nous limitons l’impression de papier et nous essayons d’utiliser des composants informatiques nécessitants moins de ressources.
Pouvez-vous nous parler de votre décision de vous expatrier à Shanghai en Chine ?
Elle est venue très tôt chez moi, à 18 ans. Je voulais partir loin pour voir autre chose, en me disant qu’il y avait des choses nouvelles à apprendre et que cela pouvait donner un regard différent sur le monde. A cette époque je n’avais jamais vraiment voyagé hors de la France.
J’ai trouvé un stage de 2 mois en Inde pendant mon BTS. Je pense que c’est l’expérience qui a changé ma vie, ma vision du monde et m’a donné goût à l’international. L’Inde est un pays incroyable. On dit souvent que si l’on prend le Monde occidental et qu’on le retourne, c’est l’Inde. Il y a les couleurs, les senteurs, la chaleur… tout est à l’extrême. On revient marqué, et on se dit soit, l’international ce n’est pas pour moi et je suis très bien en France, soit, c’était top, quand est-ce que je repars ?
C’est pourquoi lors de ma licence commerce international, lorsque j’ai eu l’occasion de pouvoir partir en Chine, j’ai sauté sur l’occasion. J’entends souvent dire que si l’on aime la Chine, on n’aime pas l’Inde, et vice-versa. Pour ma part, j’ai aimé la Chine et ce n’est pas que je n’aime pas l’Inde, j’ai adoré les gens et la culture, mais ce n’est pas un pays fait pour moi.
A l’issue de mon année en Chine, où j’y ai rencontré ma femme, je m’étais dit que j’y retournerais un jour pour une plus longue période. Ce n’était pas possible une fois mon diplôme en poche du fait des réglementations locales. Il a fallu attendre un peu que l’occasion se présente.
Ce qui me plait dans l’expatriation, c’est que l’on ressent être un étranger, du fait de la langue, de la culture, des façons de faire, et il faut comprendre, accepter cela pour s’intégrer. Et tous les jours on apprend des choses nouvelles, tous les jours on confronte son point de vue, tous les jours on confronte son éducation, sa culture. Cela apporte une ouverture d’esprit que l’on ne retrouve pas quand on est en France, à part aller dans le quartier chinois mais ce n’est pas pareil (rires).
1 minute / 1 kedger : Vincent, diplômé expatrié à ShanghaiPubliée par Kedge Business School Alumni sur lundi 16 avril 2018
Quelles différences voyez-vous en termes de culture dans le monde du travail entre la France et la Chine ?
J’ai assisté à une conférence où un entrepreneur français en Chine comparait la culture chinoise du travail et la culture japonaise et j’ai trouvé cela intéressant. Il indiquait que lors d’un projet, en Chine on va faire le projet très rapidement, on va prendre des décisions rapides et avancer tout aussi rapidement. Une fois terminé, si ce n’est pas parfait, on va refaire jusqu'à ce que cela soit parfait. Il y a donc une capacité à aller très vite et l’action est hyper importante. A la fin on arrive au résultat en temps et en heure, même parfois en avance. Au Japon, pendant 80% du projet on va réfléchir à toutes les possibilités, et les 20% restants on va faire. C’est une approche très différente qui fonctionne également. La France est probablement plus proche du Japon mais avec ses traits propres.
En Chine, la réactivité, le fait de répondre du tac au tac, est omniprésente. Si je prends WeChat, dans un contexte professionnel, il n’y a pas de vie privée, vie publique, les deux sont mélangées. Nous sommes connectés aussi bien avec ses clients que sa famille et ses amis. La réactivité, c’est à 23 heures, on reçoit un message, on y répond. Il n’y a pas de notion de vie privée ou de fin de la journée de travail aussi stricte que l’on peut avoir en France. Il faut être dans l’action, aller vite, et on le voit par ce qu’il se passe autour de nous, tout va vite. Vous arrivez aujourd’hui début 2018, vous revenez dans deux ans, les choses auront beaucoup changé. Pour un business aussi, il faut être capable de se remettre en question quasiment tous les ans, là où en France nous faisons une stratégie sur 5 ans, ici tous les ans, il faut se dire qu’il y a un nouvel entrant, avec une nouvelle technologie, qui peut être adoptée en un éclair.
Quelles sont vos ambitions pour le futur, vous voyez-vous encore en Chine dans 5 ans ?
La Chine est un pays étonnant, qui va vite, où il se passe beaucoup de choses. Dans le monde actuel, la grande puissance économique émergente est la Chine, on est dans le siècle chinois. Être ici c’est un peu être dans l’Histoire. Nous en parlions tout à l’heure, sur l’écologie, l’innovation, les mesures environnementales prisent récemment, la Chine va vite et plus important, a maintenant une capacité d’innovation. Être en Chine, c’est « the place to be » (rires).
En quoi KEDGE vous a aidé à vous développer et réaliser vos projets ?
Je pense que ce que vous faites sur ces quatre mois est un grand atout pour l’école. Le développement des Pro Act et de la mobilité internationale donne aux étudiants des valeurs. Cela permet aux étudiants de comprendre le monde associatif, de s’impliquer, et de confronter ses points de vue. L’école transmet bien ses trois valeurs « Create, Share and Care ».
A mon époque, il y a 10 ans, KEDGE proposait des cours de chinois et c’était l’une des seules à le faire. C’est en partie pour cela que j’ai choisi KEDGE, le fait d’avoir le campus en Chine et une grande présence à l’international. Aussi les cours de bons niveaux qu’il est possible de choisir afin de créer son chemin.
La plupart des cours aujourd’hui m’ont apporté quelque chose dans mon parcours professionnel. Je repense notamment à l’entrepreneuriat, aux cours de commerce international avec Valérie Angles (professeure de Commerce International sur le campus de Marseille et parlant mandarin).
Egalement j’ai apprécié le mix des cultures, j’étais proche du réseau chinois à l’école, et j’ai gardé contact avec beaucoup d’entre eux qui sont maintenant Shanghai et sont devenus de bons amis. J’avais présenté le Gala du nouvel an chinois à l’école, où j’intervenais en chinois et français, avec 3 autres présentateurs chinois. C’était une très bonne expérience d’être devant un amphithéâtre plein.
Si j’ai un conseil, c’est de profiter à fond de l’école quand on y est et du réseau qu’on peut se faire. In fine, ce qui est important c’est le réseau, c’est ce que j’ai essayé de faire en apportant ma petite pierre pour le réseau de Shanghai, où la dynamique était tombée car la personne en charge allait partir et rentrer en France.
Justement, comment se passe le poste de Responsable d’antenne des Alumni à Shanghai ?
A l’origine il ne se passait pas grand-chose pour les raisons évoquées avant. J’ai contacté l’école pour comprendre un petit peu l’organisation, et l’on m’a dit que le responsable d’antenne partait. Je l’ai rencontré et il m’a demandé si je voulais prendre la suite. J’ai accepté et décidé de faire un premier événement, prendre un peu de temps pour l’organiser sans être sûr du résultat. C’est aussi une des valeurs de l’école, être pro-actif.
J’ai organisé les deux premiers événements seul. Et comme nous avons la chance d’avoir à Shanghai un bureau KEDGE, Sabrina et Linglin, qui travaillent pour l’école, m’ont bien aidé par la suite. Egalement, Lucie et Anqi, bénévoles comme moi, se sont joints à l’aventure. Cela permet de partager les tâches, ce qui est utile lorsque l’emploi du temps est chargé.
Nous essayons de faire des événements une fois tous les trimestres sur le même format que celui de mercredi (Afterwork Alumni à Shanghai). En Chine, j’ai été surpris de voir très peu d’étrangers à nos événements. La grande majorité des participants sont chinois, de tout programme : Grande Ecole, MBA, DBA… Les événements sont “bon enfant”, nous nous retrouvons dans un endroit sympa, nous avons quelques activités pour briser la glace afin de faciliter l’échange de cartes de visite et de contacts WeChat. La Chine est un pays de réseau, cela est important d’avoir ce genre d’événement, et pour l’école également. Généralement, nous avons entre 30 et 50 personnes.
D’un point de vue plus personnel, avant de partir à l’étranger, quelles étaient vos appréhensions ?
Aucune. Cela n’était pas de l’appréhension mais de l’excitation.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant comme nous qui envisage de partir à l’étranger, en Chine ?
Venir. Nous avons un campus. Il est possible de faire des stages en Chine, il faut le savoir. Il y a un programme qui s’appelle 1000 Stagiaires. Nous recherchons des stagiaires dans mon entreprise, si une personne est intéressée, n’hésitez pas à me contacter. Le programme permet aux étudiants d’écoles en dehors de Chine d’avoir un visa stage qui leur permet légalement de faire un stage. Les étudiants de Suzhou peuvent aussi faire un stage car ils sont sur un campus chinois. Il y a bien sûr la barrière de la langue et de la culture, mais il faut tenter. S’il y a un pays qui vous passionne, une région, lancez-vous, c’est quand on est jeune qu’on peut le faire. Je l’ai fait et je ne l’ai jamais regretté. Cependant tout le monde n’est pas fait pour vivre à l’étranger et il n’y a pas de mal à cela, mais le meilleur moyen de le savoir c’est de tenter.
Qu’est-ce que la Chine vous a apporté que vous n’aurez jamais pu avoir en France ?
Je pense que ce que la Chine apporte surtout est une façon de faire différente. On ne déconnecte jamais vraiment, on a une capacité à gérer les sujets, à aller vite, ce que nous n’avons pas forcément en France.
Le fait de faire du réseau en permanence, de se passer le contact, faire une introduction entre deux personnes que l’on ne connaît pas forcément juste par opportunité. C’est quelque chose d’inimaginable en France, sans avoir demandé l’accord de la personne.
Le fait d’être expatrié permet aussi d’avoir un réseau plus vaste car tout le monde est à l’étranger donc les liens des communautés se renforcent. La notion d’entraide est plus forte qu’en France.
Faire du réseau ne veut pas dire aller à un événement de networking tous les soirs, mais c’est entretenir ses relations, aller manger avec ses contacts, penser aux gens en envoyant un article qui peut les intéresser.
La Chine apporte cette capacité à aller plus vite, qui peut être usant parfois, mais si l’on ne prend pas le train en marche on reste sur le quai. Que ce soit dans un contexte professionnel ou personnel, on apprend beaucoup en Chine.
Interview réalisée à Shanghai par l’équipe Kedge Asian Success, composée de Romane Clerc, Cyril Colliot et Maud Ribaucourt.
PLUS D'INFORMATIONS SUR KAS ET LEURS PROCHAINES DESTINATIONS
Romane, Maud et Cyril, initiateurs du projet KAS.
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