Promotion 1984 : 40 ans après, des retrouvailles...
Rencontre avec Geoffroy, responsable de l'antenne KEDGE Alumni à Buenos Aires
Les 5 étudiants du pro-act "KEDGE Alumni Success" sont actuellement en Amérique du Sud, où ils viennent à la rencontre de nos diplômés.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et de votre formation à Kedge ? Dans quel cadre avez-vous étudié à Kedge ?
Je suis originaire de Toulouse où l’on aime bien les avions (rires). J’ai fait des études plutôt techniques au début, axées aéronautique. J’ai fait un D.U.T à l’université de Toulouse en génie mécanique et aéronautique. Après ces deux années, je ne me voyais pas être ingénieur toute ma vie donc j’ai commencé à chercher une école de commerce pour pouvoir m’ouvrir à d’autres compétences.
J’ai rencontré alors l’école Kedge de Toulon dans un salon étudiant. L’école avait la particularité de former des profils techniques comme le mien dans le management et le business mais toujours axé industries et B to B. C’est pourquoi je suis allé à Toulon en 2005 durant 3 ans. J’ai par la suite choisi l’échange international la troisième année et je suis venue en Argentine à l’Université de La Plata. J’ai effectué un semestre à la faculté d’économie de cette université. Ensuite, la dernière année, j’ai fait mon stage de fin d’études chez Thalès dans la partie satellites et j’ai alors finit mon parcours en août 2008. Entre temps, l’école de Toulon avait fusionné avec celle de Marseille et on a fait partie du groupe Euromède.
Après cela, j’ai travaillé une semaine dans une PME à Toulouse et en même temps je postulais à un VIE au Mexique pour le groupe Airbus. J’ai été pris pour ce VIE. J’ai donc démissionné au bout d’une semaine (rires), je suis partie en décembre 2008. D’abord un peu en Allemagne, où l’équipe pour laquelle je bossais était basée et ensuite je suis parti 2 ans au Mexique à Mexico.
🎬 Fast & Curious - Geoffroy🎬 Fast & Curious 🎬 Aujourd'hui découvrez Geoffroy, notre Alumni Toulousin qui réside aujourd'hui en Argentine à Buenos Aires ! 🇦🇷 Après un parcours profesionel très interessant dans le monde de l'aeronautique, Geoffroy a monté son entreprise et est actuellement entrain de créer sa boisson à base de Maté : TÉMA 🌱 https://www.temamate.com/ Une plante traditionelle très réputée en Argentine et dans le monde entier, même Antoine Griezman en bois avant ses matchs ! Vous en saurez plus sur son parcours et sa boisson dans son interview très prochainement ! Bon visionnage à vous ! 😉
Publiée par KAS - Kedge Alumni Success sur Jeudi 25 juillet 2019
Pourquoi avez-vous décidé de partir vivre à Buenos Aires ? Était-ce dû à une réelle envie ou était-ce dû à une opportunité que vous avez saisie ?
Après le Mexique, je suis revenu en Argentine. Je voulais monter une entreprise d’ingénierie. Au Mexique, je bossais pour le global sourcing c’est-à-dire le développement de fournisseurs au Mexique pour toutes les entités du groupe Airbus. J’avais vus qu’en Argentine il y avait un potentiel pour des activités en ingénierie. Je suis alors venu à Buenos Aires en 2011 pendant quelques mois.
Le contexte politique et économique était assez difficile, j’ai vu que cela n’allait pas marcher. En même temps il y a eu la crise mais en Europe surtout et notamment ce qui était ingénierie low-cost en 2011. L’ingénieur low-cost d’origine indienne, mexicaine ou brésilienne devenait plutôt un ingénieur espagnol. Ils étaient plus faciles à recruter avec une même culture et donc plus à même de concurrencer.
Je suis alors rentré travailler pour Airbus à Toulouse pendant 3 ans. J’ai commencé par le projet d’usines aux Etats-Unis, ensuite j’ai travaillé sur l’A350 en projet puis sur l’A320. Après j’ai signé chez Capgemini, toujours à Toulouse car j’avais rencontré des consultants avec qui j’avais bien travaillé. J’étais intéressé par ce qu’ils faisaient (tout ce qui était LEAN, les méthodes d’améliorations de processus et de travail).
Pendant un an, on a fait un projet sur la qualité, on a visité toutes les usines d’Airbus en Europe, ce qui était très intéressant. On a amélioré le processus entre chaque usine. La partie de l’avion qu’on assemble est révisé, audité : le processus d’audit n’est pas très efficace on a donc travaillé là-dessus pour l’améliorer. Mon poste était consultant dans tout ce qui était LEAN.
Ensuite je me suis marié avec une argentine à Toulouse. Elle a eu une proposition pour travailler au Chili, on a emménagé au Chili en 2015. Moi je connaissais l’Argentine en tant qu’étudiant, j’avais bossé au Mexique, plus petit j’avais habité en Equateur pendant 3 ans donc je connaissais un peu la région et puis cela me permettait de connaître un nouveau pays. Là j’ai profité de m’éloigner de tout pour faire autre chose que de l’aéronautique, j’ai été recruté par PWC, toujours dans la partie conseils. J’ai travaillé pour le troisième plus gros producteur de vin au monde : une entreprise australienne qui exploite plusieurs mines de cuivre au Chili et ensuite j’ai vendu mon premier projet en tant que consultant pour l’aéroport de Paris qui exploite l’aéroport de Santiago.
Le point commun de tous ces projets était l’amélioration de processus toujours et la standardisation des méthodes de travail. Aussi, j’ai beaucoup travaillé sur la gestion de projet. Tout cela pendant 2 ans.
Puis au bout de 2 ans, il y avait une entreprise chilienne qui cherchait un spécialiste LEAN et qui connaissait un peu le monde aéronautique et je suis revenu aux avions pendant un an pour la compagnie SkyAirline. C’était une petite compagnie low-cost avec une vingtaine d’avions et qui voulait tout renouveler. Après cette expérience au Chili, mon épouse a eu une opportunité pour revenir en Argentine. Un nouveau président venait d’arriver avec une nouvelle dynamique sur l’Argentine et on s’est dit que c’était le bon moment pour rentrer.
J’ai alors commencé un projet de création d’entreprise et actuellement j’essaie de monter une boisson Herba Maté. Depuis 2007, je bois du maté et cela a toujours suscité la curiosité de mes amis et mes collègues au travail. Les dernières années avec la publicité gratuite de nos footballeurs, en France et en Europe ou la mannequin Gisèle Bundchen qui ne jure que par cette boisson, tout le monde sait ce que c’est. C’est un arbuste avec de grandes feuilles. Ce n’est pas aussi fin que le thé. Le maté est le récipient et ils remplissent ça avec de l’eau chaude. C’est très culturel et si vous n’avez pas l’habitude de le boire, c’est très compliqué. Nous travaillons sur un Maté tout prêt, c’est un thé froid. J’ai commencé ce projet l’année dernière, j’avais déjà récolté plusieurs données. Là c’est un peu le boom du thé froid surtout aux Etats-Unis avec tout ce qui est considéré comme sain (plantes qui ont des propriétés).
J’ai aussi reçu des fonds par l’Etat argentin. Donc voilà mon expérience d’entrepreneur jusqu’à maintenant. Trouver la motivation, les gens qui veulent aider, savoir gérer et dépenser les fonds que l’on a pour avancer. Au Chili, j’ai aussi fait un cours d’entreprenariat à Stanford, ce qui m’a beaucoup aidé pour voir le business de façon américaine. J’applique ce que j’ai appris et profite du réseau que j’ai pu me faire là-bas. Dans les jalons du projet, soit cela marche et on lance la boisson, soit cela ne marche pas et on verra ce qu’on fait. C’est une très bonne expérience, le faire en Argentine c’est intéressant car nous sommes dans un contexte difficile et il y a toujours ce côté argentin de se débrouiller qui est important et nécessaire. Les argentins sont aussi des gens très créatifs, c’est pourquoi maintenant on planifie tout ce qui est marketing (raconter l’histoire autour du produit). C’est très bien de faire cela ici. Et comme le produit vient d’ici, c’est mieux de tout faire d’ici, de Buenos Aires.
Quelles différences distinguez-vous dans la manière de travailler entre l’Argentine et la France ?
Finalement, nous sommes proches car la plupart des argentins sont des immigrés européens. Étant de Toulouse, je suis sudiste et je me sens assez proche, je ne sens pas de grosses différences. Ce que je trouve intéressant c’est que les argentins prennent leur temps avec leurs études. Ils préfèrent faire peu de matières par exemple et avoir un travail à côté. Je trouve qu’ils sortent de l’université ou des écoles très bien formés. Que ce soit en business ou ingénierie, ce sont de très bons profils. Et ceux qui vont dans nos universités en Europe s’intègrent parfaitement. Après en entreprise, il y a toujours ce côté de créer une équipe, une relation entre toutes les personnes. Sinon je ne vois pas tellement de différences.
🎬 KAS - ROAD TRIP - ARGENTINE 🇦🇷➡️ KAS - ROAD TRIP - ARGENTINE ⬅️ Après deux mois à voyager sur le continent sud-américain à la rencontre des Alumni, le KAS est arrivé il y'a quelques jours en Bolivie. Retrouvez nos aventures en Argentine, pays dans lequel nous avons passé plus de 40 jours. 🇦🇷 Bon visionage à tous ! 🎥
Publiée par KAS - Kedge Alumni Success sur Mercredi 5 juin 2019
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Où vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
J’espère que ce projet de maté va fonctionner. La prochaine étape est la campagne de crowfunding. On vise les États-Unis et l’Europe. On a aussi un objectif social avec cette boisson également : l’accès à l’eau potable. C’est un problème qui touche beaucoup l’Argentine dans le nord du pays même s’ils ont accès à beaucoup d’eau. On aimerait travailler dessus et plus tard travailler surtout sur la partie sociale.
De quelle manière Kedge vous a aidé à réaliser vos projets international ?
Le stage en Argentine a joué un rôle important car cela m’a permis de connaître le pays et par la suite rencontrer mon épouse. Et je suis là en partie grâce à cela : avoir une école qui facilite les échanges et met en avant le côté international c’est important. Puis avec la fusion du groupe Kedge avec Marseille et Bordeaux, la partie Alumni a pris de l’ampleur, ce que je trouve très important aussi. Le réseau est très tout aujourd’hui, je crois que 80% des jobs sont trouvés par le réseau en France par exemple. Et puis dans un autre pays, c’est très important. Il y a aussi la partie visa etc. où c’est important d’avoir des personnes qui aident et qui ont connu ce type d’étape avant de s’installer.
Aviez-vous des appréhensions avant de partir ?
Non pas vraiment car avec le travail de mon père j’ai beaucoup voyagé. Et puis il n’y en a pas non plus vraiment à avoir. Il faut se renseigner, faire un peu attention au niveau de la sécurité, être conscient du pays où l’on est, faire attention à la santé. Il ne faut pas venir avec des à prioris car il faut se rendre compte qu’en France on est très privilégié.
Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune diplômé de Kedge qui hésite à lancer sa carrière professionnelle en Amérique Latine ?
C’est toujours bien de venir dans un autre pays, de s’ouvrir, de découvrir. La France est vraiment une zone de confort et c’est bien de voir que la plupart des autres pays ne fonctionnent pas de la même façon. Comme par exemple les 35 heures, les 5 semaines de vacances, la retraite. Et même si l’on ne veut pas vivre ici toute notre vie, c’est bien de pouvoir l’observer pour pouvoir rentrer et le valoriser.
Quels sont les secteurs porteurs dans ce pays ce pays selon vous ? Il y a-t-il des postes à pouvoir pour de jeunes diplômés par exemple ?
Le gouvernement actuel a fait beaucoup de choses pour l’entreprenariat. Ils ont créé un réseau d’incubateurs et des programmes d’aides. Les argentins, par les crises qu’ils sont habitués à vivre, sont créatifs, ingénieux. Ils sont très bons en technologie.
C’est aussi un gros pays agricole qui a toujours été à la pointe en recherche, en OGM, en génétique. Il y a toute cette fusion agriculture-technologie. Beaucoup montent par exemple des banques en ligne, des assurances et applications agricoles.
Le gouvernement facilite tout cela à travers certaines actions comme « l’entreprise en 1 jour » et le réseau. Ils veulent créer de l’emploi et l’emploi se créer dans les PME donc ils ont besoin d’entrepreneurs et veulent que ça marche.
Qu’est-ce que vous avez trouvé ici que vous ne trouveriez pas en France ?
Beaucoup de choses : ce côté famille, amis, vivre en groupe ce qui est très fort ici. Et ce côté passionnel pour tout : la politique, l’économie, le foot, le tango etc. Ce qui est drôle quand on est étranger et intéressant quand on le vit. Et puis cette remise en question, vivre la difficulté je trouve cela formateur.
Et puis, en France je trouve personnellement qu’on peut être déconnecté des États-Unis et ici on va souvent avoir un échange avec les Éats-Unis, ce qui peut être un bon pont pour connaître une autre façon de faire du business.
Quel est votre rôle en tant qu’Alumni ? Vous êtes passé par Kedge et vous faîtes partie de notre réseau dans le monde maintenant.
C’est tout nouveau. On a créé l’antenne en janvier avec Florian. C’est très bien ce côté networking et étant entrepreneur ça me permet d’échanger d’une manière enrichissante avec les autres Alumnis par exemple. Aussi, je trouve votre projet génial car vous regardez ce qui se fait à l’étranger. En école de commerce on s’ouvre à l’étranger mais c’est important de vivre dans un pays. Et j’aime bien participer à cela et répondre aux questions des étudiants. Le réseau c’est tout.
Interview réalisée à Buenos Aires par les 5 étudiants du pro-act KEDGE Alumni Success.
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