Promotion 1984 : 40 ans après, des retrouvailles...
Interview : Michel, diplômé expatrié au Canada depuis 1972
Les étudiants du pro-act KEDGER Trotter poursuivent leur tour du monde durant lequel ils rencontrent de nombreux alumni expatriés. Aujourd'hui ils ont interviewé Michel, diplômé de KEDGE en 1969 et installé au Canada depuis 1972 !
- Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour à vous, je m’appelle Michel Gimmig, je suis diplômé de l’école supérieure de commerce de Marseille promotion 1969, et après 3 ans de travail en France je suis venu au Canada en 1972 étudier pour un MBA à l’école des HEC de Montréal. J’ai décidé par la suite de rester un petit peu plus longtemps… quarante ans environ…
- Après ton diplôme à KEDGE, qu’as-tu fait (stages, premiers emplois…), et parallèlement, qu’est-ce qui t’as poussé à partir travailler à l’étranger ?
Petite précision, de mon temps KEDGE n’existait pas encore…Pendant ma période ESC j’ai fait deux stages d’été en Norvège, Trondheim en 67 et Oslo en 68. A la sortie de l’école j’ai été embauché chez Renault à Boulogne Billancourt où j’ai fait de la vente. A l’époque il n’y avait pas le choix, j’ai donc commencé par un mois et demi de travail à la chaine, car c’était une obligation chez Renault. Par la suite je suis parti au siège social à Boulogne-Billancourt, et enfin j’ai atterri quelques temps plus tard dans une succursale, à Saint-Denis. C’était vraiment de la vente pure, directement en porte-à-porte où je devais aller trouver les clients. J’ai bien connu La Courneuve, Aubervilliers, Le Bourget et leurs nouvelles tours d’habitation. Puis je suis redescendu à Marseille, au moment de l’ouverture de Luminy et j’ai travaillé pour l’école pendant deux ans, plus ou moins en charge de la gestion des stages. J’ai quitté la France en juillet 1972 pour venir m’installer à Montréal, et y faire mon MBA de 1972 à 1974. A l’époque partir hors de France c’était assez rare, je pense avoir été le deuxième de l’école à faire un MBA en Amérique du nord.
- Peux-tu nous parler de ton métier ? Est-il en relation avec la formation que tu avais reçue à Kedge ?
Ma première expérience après mon MBA était directeur des études dans un collège d’enseignement général et professionnel ou l’on enseignait les voyages, l’hôtellerie, le secrétariat…
J’y ai passé an et demi, et pour des raisons personnelles, je suis rentré en France pendant un an, et j’ai travaillé dans une entreprise de distribution de papiers peints, où j’occupais un poste de directeur commercial régional pour environ 25 magasins de proximité.
Cette expérience n’a pas été formidable, et j’ai repris l’avion pour Montréal en janvier 1977, où j’ai eu la chance d’être recruté par un grand bureau international de consultants, Coopers et Lybrand. J‘y suis resté 3 ans et demi où j’ai fait de la consultation en management sur différents projets liés à l’organisation essentiellement à Ottawa et Québec bien que basé à Montréal.
Par la suite, je me suis mis à mon compte dans la formation de personnel et parallèlement j’ai commencé à enseigner à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) comme chargé de cours en gestion de ressources humaines et en organisation.
Grâce à une connaissance professionnelle qui avait un bureau de consultation à l’international, je suis parti faire un premier mandat de 6 mois au Burundi, dans la réorganisation d’une société d’électricité. Je m’occupais de tous les plans de formation. Ce mandat a été suivi de six autres plus courts, toujours au Burundi. J’y ai connu la crise au Rwanda et ses contrecoups au Burundi.
J’ai enchainé ensuite toute une série de projets d’une durée de 15 jours, 3 semaines environ, financés par la coopération canadienne ou la coopération allemande essentiellement, avec beaucoup de projets en Afrique de l’Ouest et Afrique du Nord et mais également en Asie.
Pour des raisons familiales, j’ai décidé d’arrêter l’international, mais j’ai continué à enseigner dans un programme de MBA en conseil en management ou je donnais des cours sur la consultation en général et sur la gestion d’un bureau de conseil.
Après ces expériences et cette vie professionnelle bien remplie, j’ai enfin pris ma retraite il y a deux ans et j’en suis très heureux !
1 minute / 1 kedger : Michel, diplômé expatrié à Montréal depuis 1972Publiée par Kedge Business School Alumni sur Mercredi 12 septembre 2018
- Comment décrirais-tu la culture de ton pays, et la culture d’entreprise comparée à celle de la France ?
Je vais répondre à ta question par une définition : « En France on prend des risques, au Québec on prend une chance ». Cette phrase résume bien, à mon avis, la différence de mentalité.
Quand je me suis installé à mon propre compte comme consultant autonome, je n’avais pas de clients ni d’argent. Pourtant je me suis lancé, j’ai travaillé et ça a marché. Ici le milieu des affaires est très exigeant mais je pense que ceux qui veulent s’en sortir le peuvent.
- Est-ce que tu penses que le Canada t’a apporté un plus sur le plan personnel et professionnel ?
Pour le plan personnel il a été très heureux, j’ai eu la chance de rencontrer ma femme ici et de fonder une famille dont je suis très fier ! Concernant le plan professionnel, j’ai eu beaucoup plus d’opportunités et de facilités ici, comparé à la France. Je pense que c’est pour cela d’ailleurs qu’à mon retour en France en 1975, ça n’a pas très bien marché compte tenu des habitudes prises sur la façon de vivre et de fonctionner du Canada.
Le fait d’avoir un MBA m’a facilité l’entrée dans un bureau de consultants, mais au-delà de cette opportunité je pense vraiment qu’au Canada il y a une réelle culture du « si tu veux tu peux », qui m’a tout de suite beaucoup plu.
- Le mot de la fin ?
Premièrement je ne recommanderais pas aux Français de venir ici car il y en a déjà trop. Ah les maudits français qui connaissent tout !
Plus sérieusement, il y a beaucoup de français qui arrivent ici avec beaucoup d’ambitions voir trop.
Je tiens juste à préciser que le Canada, et plus spécialement le Québec n’attend pas les français obligatoirement avec un beau tapis rouge. Je pense que si on veut vraiment réussir ici, il faut beaucoup travailler et faire sa place petit à petit et tranquillement sans faire de vagues. Le québécois est accueillant en principe mais très méfiant des maudits français.
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