2024, c’est vous : vos succès, vos engagements !
Élodie, une kedgeuse expatriée à Buenos Aires
Les 5 étudiants du pro-act "KEDGE Alumni Success" sont actuellement en Amérique du Sud, où ils viennent à la rencontre de nos diplômés.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et de votre formation à Kedge ? Dans quel cadre avez-vous étudié à Kedge ?
J’ai réalisé un Master en droit à la fac de Sceau dans un premier temps puis j’ai continué avec un Master spécialisé en communication événementiel à Kedge Marseille.
Cette spécialité s’étalait sur une année à l’époque avec 1 mois de remise à niveau pour ceux qui n’avaient jamais touché au commerce comme moi et 6 mois de cours à Marseille puis 6 mois de stage.
J’ai donc fait un stage, assez atypique (rires), dans une entreprise qui faisait des mariages de luxe pour les princes et les princesses européennes. Mon chef avait 84 ans, l’entreprise ne disposait pas de site internet ni de mail et travaillait sur des petites photos pas très jolies mais les évènements étaient étonnamment excellents. La seule visibilité de cette entreprise était les magazines « Point de Vue » et « Paris Match ». En gros il n’y avait pas de possibilité d’embauche.
L’entreprise était très « Old School », mon stage était en ce sens hors du commun mais je savais aussi pourquoi j’y allais, mon objectif était de découvrir les codes.
Pourquoi avez-vous décidé de partir vivre à Buenos Aires ? Était-ce dû à une réelle envie ou était-ce dû à une opportunité que vous avez saisie ?
J’ai terminé mon stage en Juillet 2008 avec l’envie de créer mon entreprise en Septembre à Genève (ma ville natale), malheureusement la crise financière est apparue à ce moment précis. Travailler dans le secteur de l’évènementiel à Genève sachant que c’était une plateforme financière en pleine crise et que tout le monde se fait licencier était compliqué, c’est pourquoi je me suis résignée à chercher du travail. Ce n’était pas le bon moment pour créer son entreprise ! Il faut savoir que l’évènementiel est un métier de passion, on est mal payé au début, on trouve difficilement un CDI, c’est un milieu difficile, additionnez ça à la crise, c’était impossible.
J’ai donc activement cherché du travail, sans succès, puis en Février 2009 je suis partie en représentation familiale en Argentine à Cordoba pour changer un peu d’air et voir ce qu’il se passait outre Atlantique.
Et Argentine, il fait beau, il fait chaud, les gens sont accueillants et la vie est très peu chère (rires). J’ai donc décidé de rester pour un meilleur confort de vie et pour apprendre l’espagnol.
Ma première année en Argentine je n’avais pas de boulot fixe car pas de papiers et en plus de ça j’étais trop diplômée, les entreprises avaient peur de ma potentielle prétention salariale. A l’époque, des connaissances m’avaient informées que 400€ par mois c’était déjà bien, mais cela ne me convenait pas.
J’ai donc réalisé quelques missions dans des entreprises étrangères qui avaient besoin d’un relai sur place. J’étais assez bien payée. C’était en 2009, un jour je me suis rendu compte que internet fonctionnait de mieux en mieux mais qu’il n’y avait pas beaucoup de sites référençant les différentes options de logements, de visites à Buenos Aires. Beaucoup d’institutions avaient des sites internet mais personne pour les actualiser, c’était très difficile de trouver l’information.
Je me suis dit que je voulais partager mes informations et créer un site internet dédié à celles-ci.
J’ai donc créé mon site « Buenos Aires Connect » qui donne des informations sur tout ce qui est restauration, culture (théâtres, musées, promenade et uses et coutumes) pour aider les gens à comprendre que la vie Française est différente de la vie Argentine malgré notre proximité culturelle. La « Touch Sud-Américaine » change quand même beaucoup de choses et si personne ne nous aide à le comprendre on réalise les nuances 2 ans après notre arrivée alors que ce sont des choses « ultra » importantes. C’était mon idée de base avec la « fantaisie » de pouvoir me rémunérer avec la pub, c’est un mythe (rires).
Il faut déjà acquérir du trafic. J’ai donc mis en place un système d’aide à la recherche de logement, que ce soit en collocation, des appartements à moyenne ou longue durée car à l’époque les applications n’existaient pas donc c’était très compliqué pour se loger, il y a dix ans c’était vraiment « la guerre » (rires).
Le service de collocation a fonctionné tout de suite car c’est le premier problème dont font face les étudiants en arrivant à Buenos Aires.
Puis nous sommes passés des collocations aux appartements. L’immobilier est mon activité première. J’ai préféré faire un site internet car les applications coutent très chères, les gens en sont saturés et pour procéder à un changement il faut payer.
Au niveau des employés nous avons des rédacteurs qui gèrent les contenus et la communication, d’autres recherchent des biens et également des traducteurs car le site est en Français et en Espagnol. La moitié des employés sont français et l’autre argentine. Euh, c’était quoi la question ? (Rires).
Je suis arrivée en me disant, je tente un projet, si ça marche tant mieux sinon je m’en moque.
Je suis arrivée à un moment où la situation était propice, ce n’était pas cher, c’était faisable. En Argentine il faut savoir qu’on est riche puis pauvre en l’espace de 4 mois avec le même argent. A mon époque l’Argentine c’était gratuit, un an ou deux ans plus tard je ne me serais pas lancée.
Quelles différences distinguez-vous dans la manière de travailler/Manager entre la Bolivie et la France ?
En étant chef d’entreprise j’ai pu développer mon type de management, à ma manière. Je pense que la qualité de vie est primordiale en entreprise, j’ai instauré un système de flexibilité et de souplesse. Les horaires ne sont pas stricts, les vacances non plus, je pense que j’ai une manière de manager qui est très centrée sur la confiance. Je n’ai pas le temps d’être policière et ça ne m’intéresse pas. Que l’on fasse des réunions pour voir ou nous en sommes, pour avancer oui, mais chacun a son rôle et ses missions dans son coin. Le midi nous déjeunons tous ensemble pour procéder à des brainstormings, poser des questions, demander des conseils.
Je recherche la meilleure qualité de vie, c’est aussi un style de vie à l’Argentine.
Le bureau commence à 10h, beaucoup n’arrivent pas à l’heure, certains restent à la maison, je m’adapte mais le résultat est là donc je m’en fiche.
D’une manière plus générale en Argentine, leurs priorités sont un peu différentes des nôtres. En numéro 1 c’est la famille et les amis, en numéro 2 c’est le boulot. L’Argentine est un pays ou il y a des crises tous les 10 ou 15 ans, même si le droit du travail est quasiment aussi protecteur qu’en France, ça va ca vient, aujourd’hui il seront ingénieurs, demain chauffeurs de taxi et après-demain pâtissier. Les Argentins sont dans le changement et dans l’évolution constante. Ce n’est pas parce que tu as fait du droit que tu resteras dans ce secteur toute ta vie. Moi je n’avais jamais fait d’immobilier avant de m’installer ici ni de création de site internet et tout le monde m’a dit « C’est super, ça va être génial » (rires), donc je me suis lancée, ici il faut tenter. D’une certaine manière ils ont raison, ce qui est important finalement c’est ton premier cercle. Le boulot c’est bien ça te fait manger, mais quand il y a plus de boulot 10 ans après tu es bien contant de pouvoir te réfugier auprès de tes proches. On oublie un peu ça en Europe, grâce ou à cause de la compétitivité intense du marché.
On oublie ses priorités en France, nous avons du mal à nous remettre en question.
A cause de la compétitivité tu deviens obsédé par ton travail, moi quand je pars en vacances il n’y a plus personne, il ne va rien se passer et je m’en fiche. C’est important de se regénérer.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Où vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je n’en sais trop rien. J’attends actuellement mon diplôme physique d’Agent Immobilier pour pouvoir passer à la vente. C’est mon projet à court terme.
A moyen ou long terme… j’en ai aucune idée. En Argentine nous ne sommes pas sûr de la projection. Il y a une crise économique actuellement, est ce que ça vaut le coup de rester ? Je ne sais pas. Je ne suis pas Argentine, donc j’ai le choix de partir, c’est une grande chance. L’entreprise fête ses 9 ans, mais le jour où ça ne marche plus, nous ferons avec.
Je suis amoureuse de l’Argentine, je vais avoir beaucoup de mal à le quitter mais si ça marche plus dans l’avenir, je n’aurais pas le choix.
De quelle manière Kedge vous a aidé à réaliser vos projets quand vous êtes installée en ARgentine ensuite (formation, Reseaux, stage, alternance, VIE…)?
J’ai une base juridique, je me suis rendu compte que ce n’était pas « mon truc » comme on dit.
J’ai finalement toujours été attirée par le mangement et le commerce. J’ai fait une spécialité évènementielle à Kedge ce qui m’a permis d’acquérir des bases en marketing et management. Kedge m’a aussi permis de me construire un large réseau des personnes venant de milieux différents avec des personnalités différentes ayant fait des études complètement différentes (sport, biologie, architecture…). Ça change du milieu juridique (rires).
Moi j’aime beaucoup la confrontation d’idées, c’est hyper important de communiquer avec des gens ayant des profils différents, ça fait avancer plus loin la réflexion.
Aviez-vous des appréhensions avant de partir ?
Mon billet a été pris 5 jours avant de partir, donc je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser trop de questions (rires). Et puis les Argentins sont hyper accueillants, c’est une grande ville cosmopolite complètement européanisée.
Quand je suis arrivée, j’ai trouvé les gens hyper blancs (rires). Ce n’était pas l’image dont je me faisais de l’Argentine, j’ai été impressionnée de voir à quel point nous étions proches culturellement. En Argentine ils sont bien plus raffinés que les autres pays d’Amérique du Sud.
Il ne faut oublier que la population Argentine de base à été décimée par les européens.
Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune diplômé de Kedge qui hésite à lancer sa carrière professionnelle en Amérique Latine ?
Tu entreprends en Argentine car tu es tombé amoureux du pays ou de quelqu’un. Sinon, tu n’entreprends pas en Argentine. Tu arrives, tu es très séduit, tout te parait simple car la chance te sourit jusqu’au moment où ça se complique, car attention ici quand ça se complique, ça se complique vraiment.
Ce n’est pas un projet qu’il faut monter depuis la France. Il faut arriver sur place et prendre le temps pendant au moins 6 mois pour voir s’il est possible de monter un business qui peut plaire aux gens sur place et puis pour savoir si on s’adapte bien personnellement au pays. Il faut voir ce que l’on peut offrir à l’endroit dans un premier temps. Quand on a une idée de business, on se fait son petit film puis on se rend vite compte que ça ne va pas ou alors il ne faut pas hésiter à être flexible.
Finalement il faut prendre son temps pour voir ce qui est possible de faire et voir si on peut s’y plaire.
Quels sont les secteurs porteurs dans ce pays selon vous ? Il y a-t-il des postes à pouvoir pour de jeunes diplômés par exemple (dans votre entreprise ou dans une autre) ?
Tout ce qui est créativité et publicité, les Argentins sont très bons et coutent peu. Le cinéma, Buenos aires est la capitale du Cinéma surtout qu’ils sont très créatifs ici. Le tourisme évidemment. L’Agriculture est immense avec les vins, les céréales, la viande.
La spécialité Vins et Spiritueux de Kedge peut bien vous servir en Argentine car les vignobles sont très friands des Français. Pour une première expérience c’est beaucoup plus simple ici avec des responsabilités.
Qu’est-ce que vous avez trouvé ici que vous ne trouveriez pas en France ?
La flexibilité et la liberté certainement. L’Argentine a une ouverture d’esprit qui nous permet d’être libre de s’exprimer, d’essayer. Mais ça change progressivement sans nier. Mon mode de vie et ma qualité ici, je n’aurais pas pu les avoir à Paris déjà et en France ça n’aurait pas été si simple non plus.
Quel est votre rôle en tant qu’Alumni ? Vous êtes passée par Kedge et vous faîtes partie de notre réseau dans le monde maintenant.
Nous sommes 12 à Buenos Aires, c’est toujours un plaisir de se retrouver entre kedger, avoir un lien en commun dans un pays étranger. Ici, nous voulons aussi nous retrouver avec toutes les écoles pour agrandir encore plus notre réseau. Le groupe se met petit à petit en place depuis Février.
Interview réalisée à Sao Paulo par les 5 étudiants du pro-act KEDGE Alumni Success.
EN SAVOIR PLUS SUR LE PROJET KAS
0 Commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Aucun commentaire