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Benjamin, un diplômé de KEDGE expatrié au Brésil
Les 5 étudiants du pro-act "KEDGE Alumni Success" sont actuellement en Amérique du Sud, où ils viennent à la rencontre de nos diplômés.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et de votre formation à Kedge ? Dans quel cadre avez-vous étudié à Kedge ?
Il y a beaucoup de chance et de hasard dans mon parcours scolaire. J’ai fait une classe préparatoire littéraire et économique qui s’appelait BL à l’époque. Je ne savais pas vraiment vers où me diriger après ça, donc j’ai rejoint Sciences Po Bordeaux pour ne pas me fermer de portes.
Sciences Po c’est très généralisant, tu sais faire des fiches, tu sais faire des synthèses donc c’est très bien en entreprise mais tu n’es pas employable du jour au lendemain. C’est bien lorsque tu es dans la fonction publique, que tu as un concours et que tu peux utiliser ce que tu as appris. Mais ce n’était pas la voie qui m’intéressait ; j’étais plus « privé », et le privé ne comprend pas vraiment Sciences Po. Sciences Po Paris, oui, tu as un réseau d’anciens mais Sciences Po Bordeaux est plus axé relations internationales donc plus ONG, un environnement qui ne me correspondait pas.
En revanche, à la fin, j’ai eu la chance de prendre une option économique et de pouvoir faire un stage chez Pierre Fabre, une entreprise de cosmétiques dans le service Achat. Mes supérieurs ont été très honnêtes avec moi à la fin de ce stage : « très bien, nous n’avons pas de poste direct à te proposer. Mais honnêtement, d’un point de vue professionnel, on ne voit pas ce que tu pourrais nous apporter ». A ce moment-là, je leur ai répondus « très bien, quel est le diplôme le plus reconnu en achat car c’est ce qui me plaît ? ». Ils m’ont parlé de la BEM, l’école de Bordeaux à l’époque, qui proposait ce diplôme M.A.I. Je suis donc entré à Kedge pour faire mon Master spécialisé Achat. A l’époque, on avait des promotions plus petites, nous avions beaucoup de cours en Anglais, j’ai fait un réel saut qualitatif dans cette langue. J’ai aussi appris réellement ce qu’étaient les achats, une négociation, me mettre en compétition, me présenter : ce qui aide à adopter les mêmes codes dans le monde professionnel. Il y a aussi un réseau d’anciens assez fort. Le chef Achat Monde d’Henkel, le chef Achat des Etats-Unis, un de mes chefs, leurs points communs ? Ils venaient tous du M.A.I.
A la fin de l’année, Henkel est venu à Kedge à la recherche de stagiaires. C’est comme cela que j’ai obtenue un stage de 6 mois à Paris en contract manufacturing (sous-traitance). J’ai rejoint Henkel de cette façon, ça va faire maintenant 8 ans, j’ai été embauché au 1er janvier 2011.
Kedge m’a « mis le pied à l’étrier », ça m’a donné un réseau, ça m’a donné des clefs pour comprendre le monde professionnel et après c’est à toi de faire ce que tu veux. Ce n’est pas le M.A.I qui te fait tes entretiens de stage (rires) ou tes entretiens d’embauche. Mais ça te met déjà dans les bonnes dispositions.
🎬Fast & Curious - Benjamin🎬 Fast & Curious 🎬 Dernier Fast and Curious du Brésil les amis ! Retrouvez bientôt nos Alumnis en Argentine ne vous en faites pas, c'est pas fini ! Le KAS est parti à la renconre de Benjamin, Acheteur chez HENKEL à Sao Paulo. 🇧🇷 Nous l'avons rencontré au siège dans une ambiance décontractée et conviviale vous allez voir, nous avons partagé un super moment ! Bon visionnage à vous ! 😉
Publiée par KAS - Kedge Alumni Success sur Vendredi 21 juin 2019
Pourquoi avez-vous décidé de partir vivre à Sao Paulo ? Était-ce dû à une réelle envie ou était-ce dû à une opportunité que vous avez saisie ?
C’était un choix de carrière pour évoluer. Vous allez voir qu’à certains moments, vous allez atteindre des plateaux et votre entreprise va se dire « il est bon, mais est-ce qu’il est bon pour aller au niveau au-dessus ? Est-ce qu’il peut gérer une équipe ? ». C’est ce qu’il s’est passé pour moi. J’ai commencé en France, après je suis parti à Dusseldorf pendant 4 ans, ou j’ai eu de plus grandes responsabilités notamment régionales, puis des responsabilités plus globales. J’ai fini par me gérer moi-même et mes contre partis (« stakeholders »).
Par la suite, Henkel a créé une entité à Amsterdam et m’a offert l’opportunité d’un poste plus transversale. J’appartenais à une équipe dans laquelle mes chefs ont pu me voir à l’œuvre, on put observer mon dynamisme. Mais pour être reconnue et respecté au siège il faut avoir un peu plus d’expérience surtout quand on est jeune. C’est pour cela qu’il est parfois bon d’aller en périphérie, se faire tester, se tester, s’améliorer et montrer nos capacités à une plus petite échelle.
Mon échelle ici au Brésil c’est mon équipe. Elle est certes plus petite mais très transversale, il y a d’autres challenges mais du coup on a toujours de la visibilité. Le Brésil et l’Amérique du Sud ne sont pas des environnements faciles, il peut se passer des élections improbables, une dépression de la monnaie, comme en Argentine. Donc finalement, dans cet environnement, tu te fais tester en temps réel. De plus, j’ai une équipe constituée de 5 personnes qui travaillent en lien avec des employés aux Etats-Unis, grâce à cela je peux aussi tester un management complètement interculturel.
Finalement mon départ est dû à une opportunité, une promotion qui m’a été donné afin de tester mes capacités à plus petite échelle. J’ai la possibilité de revenir au global tout en sachant ce qui se passe sur le terrain, ce qu’est une usine etc.
Quelles différences distinguez-vous dans la manière de travailler entre le Brésil et la France ?
Je n’ai jamais eu de contrat français à part mes contrats de stages ou CDD. Il y a un monde entre la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil.
Les allemands bossent et sont fiers de bosser, le made in Germany est assez fort. Ils sont directs, très structurés, il y a beaucoup de process. J’ai du coup appris de cette rigueur-là. On peut te demander directement sans détours « quelle est ta valeur ajouté ». On peut aussi le dire en France, mais de manière plus subtile.
Aux Pays-Bas, ils sont efficaces et encore plus directs. Il n’y a pas d’émotions, c’est uniquement de la franchise que j’ai su prendre de manière positive car au moins tu le sais et tu peux t’améliorer. Il y a une réelle séparation entre la vie professionnelle et personnelle, tu travailles de 9h à 17h sans pauses, alors qu’en France par exemple, tu vas travailler faire une pause, discuter avec tes collègues et ainsi de suite. Mais attention, faire des pauses avec ses collègues est aussi une force, car cela crée du réseau et apporte une notion humaine. Finalement, selon moi, il faut allier les deux.
Puis, il y a les brésiliens. Il y a souvent l’aspect religieux « aide toi, le ciel t’aidera », cet aspect un peu mythique. Et il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’émotionnel. J’ai déjà fait des réunions où des personnes se sont mises à pleurer. Ici, quand tu dis bonjour il y a une accolade, j’apprends beaucoup à faire de l’émotionnel. Il faut faire attention à ce que l’on dit. On n’est pas entendu de la même façon. Moi j’ai commencé en anglais du coup, mais il faut passer au portugais pour être sûr qu’ils comprennent les nuances.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Où vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
Je ne me vois pas en France. Mais retourner en Europe, aux Pays Bas ou plus loin, en Asie par exemple. Grâce à Henkel j’ai pu énormément me déplacer, ce qui est la force aussi d’un grand groupe, il y a beaucoup d’opportunités. La faiblesse des grands groupes en revanche : il y a beaucoup de personnes, donc tu risques d’être très cloisonné. Ici chez Henkel au Brésil on est plus petit donc plus transversale.
De quelle manière Kedge vous a aidé à réaliser vos projets quand vous êtes venu au Brésil ensuite ?
J’ai pu rencontrer d’autres personnes. Il y a beaucoup de profils dans un master spécialisé et ce ne sont pas que des étudiants, ce sont des personnes qui ont déjà étudié, des personnes qui ont déjà vu l’école de la vie, du travail et qui amène autre chose dans les projets. Moi par exemple, j’étais à Sciences Po donc plan en trois parties (rires), mes collègues avaient une approche bien différente, et je me suis imprégné de leurs visions.
Il y avait des PME, des privés, de la fonction publique qui venaient se réorienter et c’était très intéressant.
Et puis je me suis fait de très bons amis (rires).
Aviez-vous des appréhensions avant de partir ?
Oui bien entendu, quand on part au Brésil on entend beaucoup de choses négatives via les réseaux et les informations Françaises. Il faut gérer la famille qui est stressée par ce départ.
En effet, il y a cet aspect dimensionnel, il y a le trafic. Sao Paulo c’est 12 millions d’habitants, bien plus qu’aux Pays Bas et bien plus qu’en Grèce, et ma femme étant grecque, ce fut un choc pour nous (rires).
Et puis quand vous êtes un couple il y a des choix pas faciles à faire. Il faut trouver un travail qui convient aux deux.
La barrière de la langue peut aussi paraitre comme un frein ; le Brésil c’est 300 millions d’habitants qui n’ont pas besoin de parler anglais. Le marché brésilien est là.
Le Brésil est un pays exportateur, oui, mais de céréales, c’est de l’agriculture ou des métaux. Donc ils n’ont pas vraiment besoin de se tourner vers l’extérieur. La manière de penser et d’agir du pays change progressivement, mais par exemple il ne parle pas espagnol non plus alors que c’est le seul pays sur le continent qui parle uniquement portugais. L’anglais ne fait pas parti du cursus, si tu sais parler anglais c’est uniquement parce que les parents ont financièrement la chance de pouvoir offrir des cours à leurs enfants. Une fois de plus, c’est un fait qui change progressivement, le pays se développe, la classe moyenne se développe. L’avantage de Sao Paulo ? C’est un centre économique du Brésil qui connait plus rapidement tous ces changements.
Voilà pour les appréhensions, mais beaucoup de points positifs du fait que cela soit une super expérience.
Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune diplômé de Kedge qui hésite à lancer sa carrière professionnelle en Amérique Latine ?
Ne baisse pas les bras car c’est difficile, ce n’est pas un continent qui se donne facilement. Le Chili et le Mexique sont très pro-business, l’Argentine est en réflexion. Donc ne baisse pas les bras pour le Brésil, il y a des portes d’entrées si ça t’intéresse. Un de mes amis avait fait beaucoup de VIE dans des boites françaises qui se tournaient vers l’Amérique du Sud. Il y a plein de structures qui explosent ici type co-working.
Après c’est à toi de le vendre aux entreprises en disant par exemple « je connais ce continent, il y a des choses à faire, il y a des coûts minimes ». Et puis c’est un marché où les Français sont peu présents. Ils se tournent de plus en plus vers les Etats-Unis mais il y a des choses à faire et le savoir-faire français est reconnu.
Quels sont les secteurs porteurs dans ce pays ce pays selon vous ? Il y a-t-il des postes à pouvoir pour de jeunes diplômés par exemple ?
L’agro-business, mais il faut faire attention car ils commencent à être très OGM. Alors qu’en France au contraire on sait vivre sans et nos entreprises sont très reconnue pour ça. Pourquoi pas intégrer ce process ici.
La cosmétique aussi où nous sommes très peu présents. Je crois qu’en plus ici ils sont le 2ème marché après les coréens. Le Brésil n’est pas un pays uni ethniquement parlant donc il y a un grand brassage. De mon point de vue, nous avons toutes les clefs en mains pour intégrer et améliorer le marché des cosmétiques : il y a par exemple des cheveux frisés, cheveux lisses etc. Et ça on sait faire aussi en France.
Les infrastructures sont aussi un autre secteur où les Français sont très forts et le Brésil un peu moins. C’est un pays où pour aller d’un point A à un point B c’est très long et compliqué. Il y a une grande majorité des routes qui sont de terre et avec les pluies tropicales c’est une catastrophe.
Qu’est-ce que vous avez trouvé ici que vous ne trouveriez pas en France ?
La gastronomie qui possède une variété énorme de produits. Les personnes, la culture, tout le monde est très ouvert. La musique qui est très importante ici et ils ont une connaissance énorme d’un répertoire musical incroyable. Les brésiliens chantent partout. Il y a des chansons à la radio où le chanteur commence et c’est le publique qui finit le morceau. Il y a des gens qui jouent dans la rue le soir. Et bien sûr, sa faune incroyable (type les chutes d’Iguaçu).
Quel est votre rôle en tant qu’Alumni ? Vous êtes passée par Kedge et vous faîtes partie de notre réseau dans le monde maintenant.
Je joue avec Jérémie Martinez au squash par exemple (rires), le réseau m’a apporté des amis, une nouvelle famille. J’ai vécu pendant 2 ans avec une ancienne M.A.I à Dusseldorf, un de mes meilleur ami veut que je parraine son fils. On essaie de se voir dans n’importe quelle ville où ont atterri. Donc voilà, c’est aussi ça le réseau car ce n’est pas toujours facile d’être français à l’étranger.
Interview réalisée à Sao Paulo par les 5 étudiants du pro-act KEDGE Alumni Success.
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