Gary Pinagot, diplômé de KEDGE, prend les rênes du...
Un kedger développe une agence spécialisée dans le "silver marketing", la communication vers les seniors.
Selon certaines études, la "Silver Economie" (ou "économie des séniors") pèsera 130 Milliards d'euros en 2020. C'est sur ce public phare qu'Yves Bozzi, diplômé de KEDGE en 2005, a positionné "Digital Baby Boomer", son agence marketing
Pour commencer, parlez-nous de votre parcours scolaire : quelle formation avez-vous suivi à KEDGE et avant d'arriver à KEDGE ?
Chose peu fréquente parmi les étudiants d'école de commerce, j'ai suivi une prépa Hypokhâgne / Khâgne avant d'intégrer Kedge. Je souhaitais alors travailler dans la publicité. Le mythe du concepteur-rédacteur ! Lors des oraux j'ai eu un coup de foudre pour Marseille et pour son campus. Alors que j'étais pris dans bon nombre d'écoles, je savais que je voulais faire mes études ici. Ce furent quatre très belles années. J'ai fait partie du BDE à l'issue d'une campagne inoubliable que nous avons remportée. Les soirées que nous gérions chaque deux semaines, le gala, le week-end d'intégration... tout cela est très formateur en ce qui concerne l'organisation et la résistance au stress. Egalement en termes de rigueur : il était hors de question par exemple que le BDE ne soit pas ouvert tôt le matin pour les besoins en impression et reliure des élèves. Enfin la vie en association permet de créer des liens indéfectibles, seize ans après le BDE nous sommes tous encore très proches. Durant la scolarité, j'ai suivi essentiellement des cours de marketing. Toujours dans l'optique d'évoluer dans la publicité. D'ailleurs via le BDE nous avions mis en place une soirée Sup de Pub où des experts étaient venus nous parler de leur métier. En césure j'ai logiquement tenu à réaliser mon premier stage en agence de communication. 6 mois dans une société marseillaise. Intéressant toutefois je me suis aperçu que j'avais besoin de terrain, que je ne pouvais pas rester derrière un ordinateur toute la journée. Pour le deuxième stage, j'ai donc tenté une expérience plus tournée vers la vente. Un semestre chez Unilever en tant que chef de secteur. Ce fut une révélation : j'adorais être commercial ! Je ne peux qu'encourager à faire une année de césure. Cela permet de se confronter à des métiers fantasmés mais aussi à déconstruire des a priori.
Racontez-nous votre parcours une fois vos études terminées : quels postes avez vous occupés ? Qu'est-ce que ces postes vous ont appris ?
Avec Julien Casel qui était aussi au BDE, nous étions focalisés sur un objectif : nous voulions créer notre société. Nous nous sommes laissés un an après l'école histoire de prendre nos marques sur Paris. Internet nous semblait la voie idéale pour se lancer car nos moyens étaient limités. En 2006 le site internet vente-privee.com commence vraiment à décoller. Nous décidons de créer un site sur le même concept. Nous n'étions pas les seuls à suivre le mouvement puisqu'en 2006 on comptabilisait 80 sites de ventes privées en ligne (Showroom Privé, Shopping Privé, Club Privé, Espace Max...) nous avons justement appelé notre site Fruitrouge.com pour sortir du lot. En 2009, notre meilleure année, nous avons dépassé les 6 millions d'euros de CA, il y avait alors une vingtaine d'employés. En 2008, constatant qu'il n'y a pas encore de sites de ventes privées aux US, nous nous lançons à NYC. A 28 ans, j'y ai passé un an et ai constitué une équipe de 5 personnes sur place. Cela n'a pas fonctionné comme nous le souhaitions. Rétrospectivement 2008, année de crise économique mondiale, n'apparaît pas comme la période idéale pour lancer un business aux US ! Mais nous avons aussi commis des erreurs :
1) faire une levée de fonds certes conséquente pour une jeune start-up française - 400K€ - mais bien trop basse pour le marché américain (au même moment deux acteurs américains se lançaient sur le secteur en ayant levé chacun plus de 10 millions $)
2) vouloir appliquer la même recette en France qu'aux US. Par exemple : aux US plutôt que de nous limiter à la côte Est américaine, nous avons tenu à expédier nos produits également dans tout le pays (à l'instar de ce que nous faisions en France) même dans les états les plus reculés alors que les coûts du livraison variaient du simple au quintuple...
En 2010, je décide d'en apprendre plus sur le web marketing en redevenant salarié. J'ai donc travaillé dans plusieurs agences et ce jusque 2016. Responsable de l'Acquisition chez Come & Stay (à présent groupe Nextedia), Directeur Commercial sur l'offre Drive chez High Co et enfin Sales Director France chez Public-Idées (à présent groupe TimeOne). Ces expériences m'ont permis d'approfondir plusieurs leviers et solutions dans le web : emailing, programmatique, drive-to-store, coupons...
Aujourd'hui, vous êtes à nouveau entrepreneur. Expliquez-nous votre projet.
Printemps 2016, plusieurs indices concordent :
- Après avoir écouté le sociologue Serge Guérin dans l'émission Soft Power sur France Culture, j'achète son livre : Silver génération. 10 idées reçues à combattre à propos des Seniors ;
- Dans l'agence où j’exerce alors, de plus en plus d'annonceurs nous demandent de cibler spécifiquement les Seniors ;
- Ma mère part en retraite et je constate à travers elle que les baby-boomers (la génération née entre 1946 et 1964 soit 15 millions de personnes en France) abordent cette étape de vie sereinement, en multipliant les activités et en étant fortement connectés.
Je m'aperçois qu'il n'existe pas d'agence marketing 100% web 100% spécialisée sur les + 50 ans. L'envie d'entrepreneuriat me titillait à nouveau. Je souhaitais en outre mettre à profit ces années de savoir-faire acquises dans le digital. J'ai donc décidé de créer cette agence ! Le but de Digital Baby Boomer est d'apporter des solutions web marketing aux annonceurs pour toucher sur internet les + 50 ans. Via notamment 3 métiers : Stratégie & Conseils - Acquisition - Opérations Spéciales.
En deux ans nous avons plus d'une vingtaine de clients de tous les secteurs : Santé, Assurance, Prêt-à-Porter, Immobilier, Services à domicile... Et même de la Rencontre ! La Silver Economie (ou économie des Seniors) est un secteur passionnant. D'un point de vue purement chiffres elle est une réelle opportunité, porteuse de croissance et d’emplois. On parle de 130 Milliards € en 2020. Mais cette économie relève aussi de questions de société, de visions sur le long-terme, de liens transgénérationnels, de stratégies publiques... La Silver Economie flirte énormément avec la sociologie !
8 #seniors sur 10 estiment qu'#Internet contribue à améliorer leur quotidien. 70% ont un #smartphone et un ordinateur. 55% achètent #online plus d'une fois /mois. Découvrez notre #Infographie. Conférence dans 1h. #Silverexpo #Silvereco pic.twitter.com/FbV2Ib7Bgp
— Digital Baby Boomer (@digitalbabyboom) November 15, 2017
Quels sont vos objectifs de développement pour l'avenir ?
Notre objectif est de devenir la référence sur le silver marketing en France. La croissance entre notre 1ère et notre 2ème année a été importante, si nous maintenons ce rythme nous pourrons nous positionner comme leader dans les prochaines années. Ce que nous visons est surtout une prise de conscience : que chaque entreprise qui commercialise des produits ou des services prenne en compte le segment des Seniors, que chaque entreprise issue de la Silver Economie mette le digital dans ses priorités... Enfin si parmi les étudiants en école de commerce, la Silver Economie parait de plus en plus comme une filière dynamique, créatrice de croissance, alors nous aurons gagné notre pari !
Nous avons été nominés dans la catégorie Meilleur Prestataire de Services l'année dernière lors de la Silver Night (événement phare de la silver économie). Nous avons participé à des conférences : Novembre 2017 à Paris lors de Silver Economy Expo ("Comment communiquer auprès des Seniors sur Internet ?") et en Mai 2018 à Bordeaux lors du congrès Longevity ("Les nouveaux moyens de communication"). Enfin notre étude "Les Seniors et Internet" faite l'année dernière a été reprise par de nombreux médias : Le Figaro, le Parisien, Télématin sur France 2, Sud Radio... (article du Figaro : https://hubs.ly/H0dfrFN0).
En quoi votre scolarité à KEDGE Business School vous a aidé dans votre carrière et ce projet ?
Ma scolarité à Kedge a renforcé deux vertus que j'estime indispensables dans le monde pro : la curiosité et la responsabilité. La curiosité pour être à l'affût de ce qui se passe, d'autres manières de pensées, pour aussi interroger ses certitudes. La responsabilité car une fois la décision prise, il faut y aller jusqu'au bout et assumer ses actes.
Si vous deviez donner un conseil aux diplômés de KEDGE qui aimeraient entreprendre ?
Je leur dirais de croquer pleinement les années passées à Kedge. Ce sont plus que des études, en mon sens ça dépasse la simple scolarité. J'ai évoqué la vie en association mais lors de la deuxième année j'animais aussi l'accueil des admissibles lors des repas du soir. Je voulais montrer notre attachement à l'école. Faire tout pour qu'ils choisissent notre école ! Je leur dirais aussi de ne pas s'inquiéter s'ils n'ont pas de projet professionnel clair à la sortie de leurs études. Une carrière est faite de rebondissements, de rencontres, de pauses et... de chance.
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