Promotion 1984 : 40 ans après, des retrouvailles...
Florian, un kedger expatrié à Buenos Aires
Les 5 étudiants du pro-act "KEDGE Alumni Success" sont actuellement en Amérique du Sud, où ils viennent à la rencontre de nos diplômés.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et de votre formation à Kedge ? Dans quel cadre avez-vous étudié à Kedge ?
J’ai fait Kedge Marseille sans passer par la classe préparatoire. J’ai réalisé un programme à mon époque qui permettait de faire deux stages et deux ans à l’étranger et d’avoir le diplôme. Moi j’ai choisi les États-Unis, je suis parti dans l’université UNCW en Caroline du Nord. Je me suis spécialisé dans cette université en Marketing. J’ai donc eu un double Bachelor en 4 ans. J’ai fait deux stages, un en Espagne à Madrid dans le secteur pharmaceutique et un deuxième à Atlanta en tant qu’Export Manager pour une entreprise qui vendait de l’aluminium, j’étais en B to B pur et dur. Après cela, j’ai refait un an d’apprentissage en Géomarketing, c’est du Big Data avec un maximum de variable Marketing à l’UPEC à Paris.
Pourquoi avez-vous décidé de partir vivre à Buenos Aires ? Était-ce dû à une réelle envie ou était-ce dû à une opportunité que vous avez saisie ?
Un peu des deux. J’avais des amis qui travaillaient là, moi ça faisait 5 ans que je bossai à Paris en tant que Chef de produit dans la Domotique (piloter les équipements électroniques avec ton téléphone), j’avais envie d’un nouveau challenge personnel.
Je suis arrivé ici sans travail avec beaucoup d’économies pour le rythme de vie ici. J’ai vadrouillé pendant 6 mois en Amérique du Sud au début puis je me suis posé à Buenos aires. Je pensais trouver du travail facilement mais ça s’est révélé beaucoup plus compliqué que ça. On sort d’une bonne école qui nous permet d’avoir un bon job à la sortie en France, mais à l‘étranger ce n’est pas si facile.
J’ai quand même trouvé des projets en tant que Consultant en Stratégie Marketing pendant 1 an puis après je me suis dit « j’ai toujours voulu monter mon entreprise, lances toi c’est le moment ». À ce moment-là, je travaillais depuis un espace de Co-Working, j’ai trouvé ça dans la mouvance donc je me suis lancé. J’ai créé mon Espace de Co-Working ici à Buenos Aire dans le quartier de Palermo, le Café Flor (https://www.cefeflor.com.ar).
Quelles différences distinguez-vous dans la manière de travailler entre l’Argentine et la France ?
Les Argentins sont des gens qui font de gros horaires en général, 8 heures par jour environ ; ils rentrent chez eux, ils sortent faire du sport, ils dorment peu en règle générale donc leur rythme de travail est plus tranquille. L’ambiance est très conviviale au travail en Argentine, il y a toujours du monde pour partager un Maté et discuter. Moi j’ai uniquement 1 an d’expérience en entreprise argentine avec 50% de personnes internationales donc j’aurai un peu de mal à vous répondre concrètement surtout que mon associé aujourd’hui est Français donc forcément on véhicule les valeurs et le rythme de travail à la Française.
Ce que je peux vous dire c’est qu’ils ont beaucoup de petits boulots, ils ont parfois deux jobs en même temps. Ils étudient tous pendant de très nombreuses années, parfois jusqu'à leurs 40 ans parce que c’est dans leur culture de toujours apprendre. Ils ne font pas les mêmes parcours scolaires que nous, 5 ans de commerce pour travailler directement dans ce secteur. Eux, ils font 5 ans de commerce, puis après 5 ans de psychologie par exemple et 5 ans de politique. Du coup le rythme de travail est différent, ils étudient beaucoup le soir.
Finalement ils sont très flexibles et on le voit avec nos salariés, c’est difficile d’exiger à une personne qu’il reste de 9h à 18h tous les jours parce qu’ils ont pleins d’activités mais du coup ça les rend très polyvalents.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Où vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 10 ans ?
C’est pire qu’un entretien d’embauche avec vous (rires). Normalement un bon entrepreneur devrait te répondre de manière très précise puisque cela fait partie de son Business Plan (rires).
Non mais plus sérieusement, je vais vous expliquer comment ça se déroule dans notre secteur.
Nous voulons, enfin nous essayons de créer un espace de travail ou d’étude idéal pour tous ceux qui n’en ont pas et qui en ont vraiment besoin. Ce sont le plus souvent des gens qui voyagent un peu partout dans le monde. Il y a une nouvelle manière de voyager aujourd’hui, les gens partent pendant 6 mois et travaillent pendant leur voyage. Ce ne sont pas des vacances de 3 semaines par exemple. Comme ça ils ne payent plus de loyer chez eux mais des hôtels, des Airbnb ou des auberges dans un autres pays. Ainsi, ils profitent de pouvoir bouger et juste travailler avec un ordinateur. C’est l’avenir et il y a des pays qui sont bien plus en avance que l’Europe à ce sujet comme les États-Unis ou l’Australie. Toutes ces personnes ont forcément besoin de Wifi, or ici, même si on est dans la capitale à Buenos Aires le réseau n’est pas disponible partout. Nous c’est ce que nous proposons aujourd’hui et dans 5 à 10 ans, nous verrons ce que ça donne à ce niveau. Mais si de plus en plus de gens sont amenés à travailler de manière nomade, ça donnera encore plus de sens au Café Flor (son espace co-workig).
Mais c’est comme tout projet : peut-être le marcher va évoluer, nous allons nous rendre compte que l’offre n’est pas bonne, qu’elle a totalement changé, surtout qu’il y a une forte instabilité économique en Argentine. Si une opportunité de revente se présente, pourquoi pas. Mais cela serait étonnant car notre concept est assez bien développé un peu partout et est facilement reproductible. C’est la marque que tu donnes à ton Café qui compte. Se faire racheter sa boite ça se fait beaucoup. Moi j’ai envie de vivre mon projet jusqu’au bout.
Finalement faire des prévisions dans 5 à 10 ans pour nous s’est toujours très compliqué. En tout cas nous aspirons à agrandir notre projet. Donc pas de retour en France de prévu en tout cas, j’espère que mes parents ne liront pas cette interview (rires).
De quelle manière Kedge vous a aidé à réaliser vos projets ?
Kedge m’a permis de vivre dans 3 pays différents en l’espace de 4 ans, notamment 2 ans aux États-Unis dans une université très couteuse à l’origine, 10 fois plus chère que Kedge, que je n’aurais pas pu m’offrir sans ça. Ça m’a offert toutes ces opportunités-là. Après il est important de se débrouiller par soi-même pour trouver des stages et faire son propre réseau.
Aujourd’hui, je découvre l’importance du réseau Alumni, notamment entre Kedgers mais aussi avec les autres écoles de commerce. J’organise avec l’antenne, que je dirige, des rencontres inter-écoles ici à Buenos Aires. Chaque étudiant ne se rend pas compte de suite, quand tu es jeune, mais par la suite, quand tu rencontres des gens qui ont travaillés dans pleins de domaines différents même à l’autre bout du monde, c’est hyper galvanisant, tu apprends pleins de choses. Avoir fait une école ça rapproche aussi énormément.
Aviez-vous des appréhensions avant de partir ?
Évidemment, l’appréhension quand tu quittes ta famille, ta vie, ton travail, ton logement pour arriver dans un endroit où tu n’as rien. Ça permet de sortir de ta zone de confort. J’ai plus eu des appréhensions à monter mon entreprise que d’aller vivre dans un autre pays. J’avais l’avantage en plus de parler un peu Espagnol et d’avoir déjà voyagé avant.
Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune diplômé de Kedge qui hésite à lancer sa carrière professionnelle en Amérique Latine ?
Comme votre projet aujourd’hui (KAS), il faut faire quelque chose d’un peu diffèrent, qui sort de l’ordinaire.
Ici la vie est très belle, les conditions sont idéales, mais il faut aussi savoir ramer un peu, faire des petits boulots pour gagner sa vie. Il ne faut pas avoir peur de commencer très bas et tout donner pour faire mieux par la suite. Après il n’y a pas de conseil particulier, chacun vit comme il l’entend. Mais au travers de ce que je fais aujourd’hui je vais toujours défendre le travail Freelance et la connaissance. De nos jours, il faut savoir que tout peut s’apprendre et il est bien d’en savoir un maximum afin de pouvoir revendre toutes tes connaissances.
Comme ça tu peux être à ton compte, tu peux te lancer, bouger, être un peu plus nomade. L’école de commerce va vous apprendre pleins de choses, mais à la sortie vous aurez encore beaucoup à apprendre.
Quels sont les secteurs porteurs dans ce pays ce pays selon vous ? Il y a-t-il des postes à pouvoir pour de jeunes diplômés par exemple ?
Le tourisme va être de plus en plus intéressant vu les conditions de la monnaie aujourd’hui. Les restaurants 2* à Paris tu as les même ici pour 30€ par exemple, la vie est moins couteuse et les belles choses ne sont pas réservées qu’à l’élite. Surtout que les transports se développent de plus en plus. Tout cela va forcément favoriser le tourisme.
Qu’est-ce que vous avez trouvé ici que vous ne trouveriez pas en France ?
Aujourd’hui j’ai un équilibre de vie qui aurait été différent en France au point de vue social, professionnel car je n’ai jamais entrepris en France et je n’aurai peut pas pu. Je ne dis pas que ça aura été plus compliqué en France, tu as des barrières et des obstacles partout quand tu crées ton entreprise.
Au niveau du style de vie c’est compliqué, j’ai 30 ans et je suis célibataire et beaucoup de gens sont dans ma situation. À Paris c’est différent, les gens de mon âge sont mariés, ils commencent à avoir des enfants, ils sont dans la même entreprise depuis 10 ans et commencent à être confortablement installés. C’est pas du tout le même style de vie et je ne pourrais pas l’avoir ici, mais je me sens beaucoup mieux comme ça.
Quel est votre rôle en tant qu’Alumni ? Vous êtes passée par Kedge et vous faîtes partie de notre réseau dans le monde maintenant.
C’est moi qui suis à l’origine de la création de l’antenne en collaboration avec Brigitte Van Roy et Robin Larroze.
C’est un très bon département. Pour moi, l’idée, c’était de pouvoir rencontrer d’autres personnes et de pouvoir parler de mon café et d’avoir de nouveaux clients potentiels. On a fait un premier Afterwork, puis un deuxième et on va essayer de continuer comme ça car l’échange permet de bonifier les projets de chacun, que ce soit ceux des étudiants comme le vôtre ou ceux des Alumni.
Mon rôle c’est d’être le médiateur de tous ces gens et de tous leurs projets.
Interview réalisée à Sao Paulo par les 5 étudiants du pro-act KEDGE Alumni Success.
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