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Interview de Jean-François, un diplômé expatrié à Kuala Lumpur
Les étudiants du pro-act "Kedge Alumni Travel" d'Asie sont passés par Kuala Lumpur, où ils sont venus à la rencontre de nos diplômés expatriés.
- PROMOTION : 2005
- DURÉE D'EXPATRIATION : 12 ans
INTERVIEW :
Présentez-vous en quelques mots...
Bonjour, je m’appelle Jean-François Laubel. J’ai été enfant d’expatriés et je suis actuellement expatrié à Kuala Lumpur. Donc quelque part, cela suit une logique familiale où l’on a goûté à l'étranger dès le plus jeune âge et l'on veut découvrir de nouvelles aventures par soi-même. Nous étions localisés à Sainte-Croix dans les îles vierges britanniques et j’ai fait ma primaire à Puerto Rico. A l’époque, j’ai fait l’école américaine car il n’y avait pas toute l’organisation qu’il y a aujourd’hui. Donc on apprenait souvent le français durant le week-end dans les alliances françaises pour pouvoir écrire et comprendre notre langue maternelle. J’ai toujours eu dans l’esprit de bouger, et c’était pour mon épouse et moi un projet familial de pouvoir continuer à bouger.
Nous sommes arrivés en 2008 sur Kuala Lumpur. Ce qui a facilité notre intégration par rapport à d’autre pays est le fait que la Malaisie est une ex-colonie britannique, donc tout le monde parle anglais. C’est un pays extrêmement facile pour commencer une expérience professionnelle asiatique. C’est un Hub logistique pour pouvoir circuler et travailler partout en Asie.
C’est pourquoi j’ai fait le choix de quitter la CMA CGM qui m’ont, à l’époque, demandé de revenir à Marseille. Donc mon épouse et moi, avons fait le choix de quitter le système (social) français.
Pouvez-vous nous parler de votre formation à Kedge ? Cela vous a-t-il permis d'orienter votre projet professionnel ?
J’ai fait le programme de management général en 2 ans à Euromed Marseille. Concernant ce programme, j’étais en alternance donc durant la semaine nous étions en entreprise et avions cours le vendredi et samedi. C’était intéressant pour moi car il y avait un mélange de différents backgrounds professionnels ce qui m’a permis d’échanger sur différentes expériences. La plupart des personnes venaient d’une formation BTS ou IUT et nous échangions sur “le pourquoi” il y avait un blocage dans l’évolution professionnelle lorsque l’on vient de ces formations.
Le rythme était intense, c’est à dire que lorsque l’on rentrait à la maison, nous devions faire les devoirs, les travaux de groupe tout en recevant la pression du résultat en entreprise. Mais c’était dans le cadre de notre projet familial pour pouvoir continuer à avancer et partir à l’étranger en Asie. Travaillant à la CMA CGM, j’ai vu l’explosion de l’Asie et j’ai me suis dit que c’était un territoire d’avenir, là où ça bougeait, et qu’il fallait être en Asie pour vivre cette mondialisation.
Donc cette formation à Kedge m’a permis de me revendre sur le marché à l’étranger. En France, on applique un système où l’on regarde principalement la formation. Hors France c’est différent, c’est l’expérience qui prime et ils vont regarder ce que tu as réalisé. Les entreprises t’approchent d’elles-mêmes car ils ont cerné ton profil et te demandent directement si tu es intéressé pour un poste avec “ces missions et ce salaire”. C’est ainsi que j’ai été contacté pour un poste à Shanghaï et à Jakarta.
Personnellement, la formation Kedge m’a permis de me mettre sur la liste des personnes qui pouvaient être "expatriables" lorsque je travaillais au sein de la CMA CGM.
Cela fait 12 ans que vous êtes expatrié, pourquoi avoir choisi cette destination ?
Pour mon épouse et moi ça a toujours été l’Asie. C’est pourquoi nous avions pour projet de partir vers ce continent. Nous aimons les pays asiatiques de par la facilité et la gentillesse des personnes. Dans un premier temps, nous voulions aller vers la Chine (surtout mon épouse). Mais je savais que la Chine est un pays particulier où il est compliqué de s’y installer car les personnes peuvent souffrir en termes de management et en termes de travail. Lorsque l’on travaille en tant qu’étranger en Chine, il faut faire très attention au niveau du management et de l’approche à avoir.
Alors que le sud de l’Asie est une première amorce plus simple et une gestion de travail plus facile qu’en Chine. Cependant, dans chaque pays, tu apprends énormément de choses concernant le management de l’équipe, les susceptibilités, les sensibilités, l’approche culturelle.
Avez-vous noté des différences de travail dans les différents pays ?
Il y a énormément de différences. Par exemple lorsque nous sommes arrivés en Malaisie pour faire les documents administratifs, il y a dans les questions officielles la race et la religion que l’on doit renseigner obligatoirement. Il est vrai qu’au départ c’est un choc mais cela fait partie intégrante du système et les entreprises auront ces informations.
On apprend donc à gérer pour avoir un bon équilibre de personnes venant de différentes races et religions pour avoir tel type de personnes à tel type de poste. Il faut faire attention et c’est très compliqué car si l’on met une personne avec tel type de religion ou de race pour une équipe, cela ne fonctionne pas forcément. On en apprend beaucoup car chaque pays est différent. Pour comprendre tout cela, j’allais souvent de bureau en bureau pour voir ce que les personnes font et bien comprendre qui est qui et qui fait quoi.
L’environnement de travail en Chine est particulier car c’est extrêmement nationaliste, on ne peut pas critiquer la Chine, on ne peut pas émettre quoi que ce soit, on est uniquement là pour travailler. Donc on retrouve souvent des personnes expatriées qui ressortent épuisées de la Chine. J’ai personnellement fait 3 ans en Chine et j’en suis ressorti “vidé”.
Après 8 ans à Kuala Lumpur, souhaitez-vous rester ici ou avez-vous d’autres projets ?
Nous avons d’autre projets. On ne parle pas de retraite et on est ici pour travailler. La Malaisie est un bon Hub pour la logistique et différents types de poste car on peut répondre facilement à tout type de demande. L’Asie change énormément, on remarque un appât du gain de plus en plus visible avec beaucoup de profiteurs, donc quelque part l’Asie perd de sa personnalité pour nous. Nous sommes en train de réfléchir à un plan B, en désirant garder notre pied à terre ici à Kuala Lumpur, mais en retournant peut être vers les pays de l’Est, tel que la Bulgarie qui est un pays pauvre certes, mais qui possède un potentiel pour le futur.
Donc le plan serait de retourner en Europe mais sans être en France. On ne rejette pas la France, on aime la France mais nous n’avons pas envie d’y revivre. J’y vais personnellement pour les vacances, la famille, les amis et pour les paysages mais on ne s’y voit pas y retourner pour l’instant.
Auriez-vous des conseils pour les diplômés et futurs diplômés qui souhaiteraient s’expatrier en Asie ?
Pour moi, il est indéniable qu’il faut partir à l’étranger. Venez en Asie ! C’est une très bonne école de la vie et beaucoup de choses s’y passent. Aller en Asie va vous ouvrir des portes et vous mettre sur un niveau différent par rapport aux autres étudiants. Il y a énormément d’opportunités et vous pouvez vous retrouver dans des grosses sociétés à des positions intéressantes rapidement. Avec une ouverture d’esprit, une maîtrise de quelques langues et une curiosité, vous avez les portes grandes ouvertes.
Cependant il ne faut pas oublier qu’il y a toujours un risque lorsque l’on décide de quitter le système français. En effet en partant à l'international en contrat local, on touche une somme d’argent sympathique par rapport à la France, mais en même temps il y a toujours un risque car du jour au lendemain l’entreprise peut arrêter ton contrat. J’ai vécu cette expérience à Shanghai et à Jakarta. C’est un risque qu’il faut prendre en considération.
Interview réalisée à Kuala Lumpur par Clémence, Stivell, Estelle et Adel, étudiants du pro-act KEDGE Alumni Travel d'Asie.
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